La surenchère, en effet, n'a pas produit les résultats escomptés. La réforme des retraites est passée, ce qui produit instantanément un climat favorable pour des changements qui iront de l'immigration aux institutions. Ce ne sera pas une promenade de santé, mais le désordre parlementaire, en ces périodes de séismes et d'inondations, finira bien par s'apaiser. Les oppositions dressent chaque jour de l'action gouvernementale un bilan désastreux. Mais si c'est vrai, cela signifie qu'il faut s'atteler à la tâche réformiste. Les partis ne sont pas obligés de rejoindre publiquement le réalisme. Ils peuvent continuer à jouer les indignés jusqu'à la fin de la partie. On a parlé de tout, d'un remaniement, de nouvelles réformes, d'ouvrir le gouvernement à droite ou à gauche. La prudence recommande de travailler sur une base stable et de traiter les dossiers un par un.
Un excès de critique n'offre pas les éléments d'une dynamique. En raillant la Première ministre, Élisabeth Borne, les partis ont renforcé sa stature. Elle a acquis à la fois le statut de victime et celui de femme politique qui poursuit son chemin en dépit de toutes les avanies. Elle laissera un modèle de sang-froid, un exemple de sérieux, un souci de l'intérêt général. Ils ne peuvent pas en dire autant, ceux qui n'essaient même pas de cacher leurs ambitions recuites et leur appétit pour le pouvoir. On ne peut pas à la fois souligner la gravité des maux nationaux et empêcher le gouvernement d'œuvrer pour les guérir. On est même surpris de ce que, dans le choix de leur stratégie, les partis politiques n'aient pas inclus cette analyse. Au lieu de s'égosiller à réclamer une nouvelle République, ils auraient mieux fait, pour leur réputation, de considérer les sujets où un collaboration entre majorité et opposition est possible.
Ce que Macron ne fait pas
Depuis la réélection d'Emmanuel Macron, c'est d'abord la gravité de la situation qui exige qu'il soit mis fin aux querelles parlementaires et que l'on doive s'appuyer sur les institutions pour lutter contre la crise. Le désordre a été artificiellement créé pour organiser la destruction de la République, mais elle a tenu bon. En ce sens, la réforme des retraites a fait d'une pierre deux coups. Elle a ouvert la voie à un retour à l'équilibre des pensions et elle a protégé en même temps la Constitution et l'exécutif. Les questions du genre : "Macron est-il encore supportable ?" n'ont aucun sens. Plus le pays s'enfonce dans la crise, plus il a besoin d'un chef ; et plus on en cherche un autre, plus on prolonge la crise. C'est un phénomène statistique. Macron est très impopulaire mais il est là, frais comme un gardon, prêt à agir, pendant que ses rivaux potentiels mettent aux point des stratégies alambiquées pour attirer le regard de l'électorat.
Le président de la République, sans être le favori des Français, demeure celui qui agira pendant les quatre années qu'il reste de son mandat. Depuis 2017, il tire sa force de l'impéritie de ses concurrents. On ne peut pas être réélu si, comme François Hollande, on n'y croit plus soi-même. On ne peut pas être élu si, comme François Fillon, on a affaire à la justice. Et la France n'est pas un pays qu'on prend comme on trousse la bonne. Il faut la respecter, prouver qu'on est intègre, soucieux de la continuité constitutionnelle, ne jamais s'écarter du projet national comme le font ceux qui trouvent à Moscou le financement de leur campagne et ne soutiennent l'Europe que du bout des lèvres. On ne cesse de rappeler ce que Macron fait mal. On devrait se souvenir des vilenies qu'il ne commet jamais.
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