Les positions dans les deux camps étant irréconciliables, les partis politiques espèrent pouvoir peser encore sur les actions à venir de l'exécutif. Ils mettront sans doute des bâtons au gouvernement, mais sans empêcher les nouvelles réformes qu'il souhaite lancer. Ils ont exclu un peu vite la capacité d'Emmanuel Macron à gouverner pendant les quatre années qu'il reste de son second et dernier mandat. Pour lui, la voie est étroite, mais elle existe. D'une part, sa cote de popularité commence à remonter ; d'autre part, la désaffection de l'électorat à l'égard de la majorité relative n'a profité (et continue de profiter) qu'à Marine Le Pen. La motion de censure déposée par la France insoumise n'avait aucune chance d'aboutir. La stratégie de LFI aboutit à une sorte de complicité avec le Rassemblement national.
Le danger pressant est donc la montée du RN. Mais le paysage politique français n'a jamais été aussi chaotique. Les Républicains sont écartelés entre leur loyauté à l'égard de la réforme des retraites et leur souci de s'éloigner autant que faire se peut de la macronie. Le Parti socialiste est coupé en deux, avec Olivier Faure qui a fait de la collaboration avec LFI l'alpha et l'oméga de son programme et Bernard Cazeneuve qui, le week end dernier, a tenu avec François Hollande un meeting pour le retour du PS à la social-démocratie. D'un côté, la donne actuelle ne convient pas à beaucoup d'élus ou anciens élus, indignés par la démagogie, de l'autre une force minoritaire qui propose une autre République.
Les clivages qui sillonnent les partis donnent le sentiment d'un grand désordre au sein duquel on perçoit, quoi qu'on en dise, une seule zone de stabilité, celle de la macronie. Il y a un gouvernement qui n'a pas lâché prise et veut lancer de nouvelles réformes ; il est certes accablé par l'inflation, mais il a obtenu des résultats positifs dans la lutte contre le chômage, dans la croissance, dans la ré-industrialisation et l'attractivité de la France pour les pays investisseurs. La question est la suivante : faut-il abandonner ces atouts au nom d'un changement de régime qui ne semble indispensable qu'aux esprits dominés par la haine que leur inspire le président de la République ?
Ordre contre désordre
Il ne semble pas, depuis quelques jours, qu'il y ait un seul citoyen de ce pays qui pense sincèrement que la réforme des retraites peut être abrogée ou que le chef de l'État peut s'en aller avant la fin de son mandat. C'est essentiel, c'est l'ordre contre le désordre, la cohérence contre la mésaventure, l'action contre la panique. On doit partiellement les attaques incessantes contre Macron à l'idée puissante qu'il est, lui, et non la conjoncture, la source de nos maux, par ailleurs exagérés et vécus comme insupportables. À l'étranger, on se demande de quel bois sont faits ces Français qui ne veulent pas travailler jusqu'à 64 ans et se croient le peuple martyrisé de l'Europe, qui ont avec le travail une relation sinistre alors que, pour n'importe quel chômeur aux minima sociaux, l'emploi est une délivrance.
Il restera assurément une haine sourde contre Macron parce que les oppositions en ont fait leur tête de Turc. On ne peut pas réformer et laisser un bon souvenir. Mais en tenant compte des circonstances et des erreurs, parfois graves, qu'a commises le chef de l'État, on peut dire qu'il s'en sort bien. Il a obtenu sa réforme, évité la rupture du régime, écarté quelques malheurs qui nous pendaient au nez grâce à la démagogie et à la surenchère. Un président moins versatile, moins capricieux aurait fait l'affaire. Mais cela fait bien longtemps que, en politique, personne n'attend plus l'homme idéal.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature