Les textes d'application de la loi Santé relatifs à l'image corporelle des mannequins sont publiés au « Journal Officiel » du 5 mai.
Un premier décret (en application de l'article 19 de la loi santé, introduit par le Dr Olivier Véran, alors rapporteur socialiste), impose d'indiquer, à partir du 1er octobre 2017, la mention « photographies retouchées » sur toute photo à usage commercial de mannequins dont l'apparence corporelle a été modifiée (pour affiner ou épaissir la silhouette). Sont concernées les photos insérées dans des messages publicitaires diffusés par voie d'affichage, en ligne, dans la presse, les catalogues et les prospectus. La mention doit être apposée de façon accessible, aisément lisible et clairement différenciée du message publicitaire, précise le décret.
Protéger la santé des mannequins
L'arrêté pris en application de l'article 20 (également introduit par le Dr Véran), qui entre en vigueur ce 5 mai après avoir reçu l'avis positif de la Haute autorité de Santé (HAS), fixe les modalités de prise en compte du critère de l'indice de masse corporelle (IMC) dans les certificats médicaux des mannequins délivrés dans le cadre des visites d'information et de prévention, ou des examens médicaux d'aptitude. Les services de santé au travail doivent s'assurer que l'état de santé du mannequin, adulte ou enfant, « évalué notamment au regard de son IMC » permet l'exercice du mannequinat.
Pour les plus de 16 ans, cet IMC (défini par l'OMS) doit notamment être pris en compte lorsque sa valeur se rapproche d'une maigreur modérée (> 18,5) à sévère (> 14) après 18 ans, et qu'elle est inférieure au 3e percentile de références françaises pour l'âge et le sexe, inscrites dans le carnet de santé (sauf cas spécifiés dans le dossier médical). Le certificat médical est valable au maximum deux ans. Pour les enfants, l'IMC ne peut être inférieur au seuil du 3e percentile.
Ces mesures s'appliquent aux agences de mannequins et mannequins français, mais aussi issus de l'Union européenne ou de l'espace économique européen lorsqu'ils exercent en France. La loi précise que les contrevenants encourent six mois d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. La France suit ainsi l'exemple de l'Espagne, l'Italie, Le Chili, la Belgique, et d'Israël.
Attention aux amalgames
La ministre de la Santé Marisol Touraine a salué la publication de ces textes qui répondent à un double objectif. D'abord, « protéger la santé d’une catégorie de la population particulièrement touchée par le risque d'anorexie : les mannequins », dont la médecine du travail se structure tout juste. Et « agir sur l’image du corps dans la société pour éviter la promotion d’idéaux de beauté inaccessibles et prévenir l’anorexie chez les jeunes ».
Attention aux amalgames, nuançaient néanmoins des psychiatres interrogés par le « Quotidien » lors de la Fashion Week de mars 2017 : certes, la tyrannie de la norme peut conduire les jeunes vers des conduites à risques et accentuer les complexes mais les troubles du comportement alimentaires dont l'anorexie sont polyfactoriels. « Leur origine est bien plus complexe que la puissance des images », expliquait le Dr Nathalie Godart, du service de psychiatre de l'adolescent et du jeune adulte à l'Institut mutualiste Montsouris (et INSERM 1 178).
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