Depuis la guerre, surtout, la campagne se poursuit, plus ardente que jamais, contre l'alcool, sous quelque forme qu'il se présente ; et je doute fort qu'il se trouve aujourd'hui un médecin qui n'y participe pas.
Il n'en fut pas toujours ainsi. Que de fois, et à une époque relativement assez récente, l'alcool fut prescrit par le corps médical intus et extra ! Faut-il rappeler la vogue dont jouit si longtemps la fameuse potion de Todd ?
Bien mieux, on vit (mais nous parlons ici d'un autre âge et d'un autre pays), on vit des médecins, et non des moindres, expérimenter intissime les propriétés de l'alcool. Citons, comme exemple, Fordyce, le célèbre docteur anglais du XVIIIe siècle. Il avait pris, dès sa jeunesse, l'habitude et le goût de l'ingestion alcoolique après dîner, et les conserva jusque dans un âge très avancé. Il les conciliait même fort bien avec les exigences de ses cours publics de matière médicale et de médecine clinique et pratique. Ainsi disait-il à ses élèves :
" Je traite des maladies aiguës dans mes leçons du matin, car nous en savons quelque chose, tandis que je réserve le peu que j'ai à vous dire sur les affections chroniques pour celles du soir, attendu que les méprises que je pourrais commettre, par suite d'une dose trop forte de punch, ne tireraient pas à conséquence, vu notre extrême ignorance à ce sujet ".
Mais revenons à des temps plus modernes et à des méthodes moins fantaisistes. L'alcool, en certains cas, peut-il être considéré comme le meilleur ou le pire des médicaments, suivant la formule dont le bon Esope réservait l'application à la langue ? Et ne serait-il pas intéressant de connaître, abstraction faite, bien entendu, du cas Fordyce, les médecins que nous appellerons les uns alcoolistes et les autres anti-alcoolistes ?
(La Chronique médicale, novembre 1917)
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