Florence Nightingale, pionnière des soins infirmiers modernes, est née dans une famille de la haute société britannique. En 1818, ses parents entreprennent de faire un tour d’Europe de deux années. C’est ainsi qu’elle naquit à Florence, raison pour laquelle ce prénom lui fut donné (sa sœur, née à Naples, fut, elle, appelée Parthénope…).
Leur voyage sur le continent achevé, les Nightingale rentrent en Angleterre à la fin de 1820 et s’installent dans le Hampshire, à Romsey.
« Dieu m’a appelé »
Les parents de Florence prennent en charge eux-mêmes son éducation, sa mère lui apprenant le français et son père, le grec, l’allemand, l’italien, l’histoire et la philosophie. Les Nightingale, qui font partie de l’église unitarienne, finançant des soins médicaux aux paroissiens, Florence va à son tour vouloir améliorer les conditions de vie des pauvres. Alors qu’en janvier 1837, la jeune fille joue, selon ses dires, le rôle « d'infirmière, gouvernante, soutien moral et médecin » lors d’une épidémie de grippe qui sévit dans le sud de l’Angleterre, elle va entendre l’appel de Dieu alors qu’elle se promène dans le jardin familial. « Dieu m'a parlé et m'a appelée à son service » écrit-elle dans son journal.
Après avoir entamé des études de mathématiques, au grand dam de ses parents, la famine qui sévit dans le royaume britannique au début des années 1840 va définitivement décider de sa vocation : se consacrer aux pauvres et aux indigents et les soigner.
En 1844, elle fait la connaissance d’un médecin américain, Samuel Gridel Howel connu pour avoir été l’un des premiers fondateurs d’écoles pour aveugles aux États-Unis. Quand Florence lui demande s’il trouve inconvenant qu’une jeune fille de la haute société devienne infirmière, Howel lui répond : « Même si cela est inhabituel et incongru en Angleterre, si vous avez cette vocation, vous devez la suivre puisque vous jugez que c’est votre devoir » En décembre de la même année en réaction à la mort d'un malade dans l'infirmerie d'une workhouse, évènement qui fait scandale, elle devient la militante principale de l'amélioration des soins médicaux dans les infirmeries.
Elle débute sa carrière d'infirmière, en obtenant en premier lieu, une formation de quatre mois à l'hôpital de Kaisenswerth, en Allemagne. Elle y apprend à soigner les blessures, à préparer les médicaments ; elle rencontre les mourants et participe à des opérations comme assistante.
Cette formation va lui permettre de répondre en 1853 à une offre d'emploi comme Surveillante de l'Institute for the Care of Sick Gentlewomen (Institut pour les soins aux dames malades). Les patientes sont en majorité des gouvernantes, une des rares professions féminines considérées alors comme respectable.
La « Dame à la lampe » de la Guerre de Crimée
Alors qu’elle postule à un poste d’infirmière-chef au King’s College Hospital, la Guerre de Crimée éclate. Florence Nightingale, accompagnée d'un groupe de trente-huit infirmières est envoyée au camp britannique de Scutarie, au chevet des soldats blessés. À leur arrivée, le constat est terrifiant. Les conditions d'hygiène sont épouvantables, les réserves de médicaments sont quasiment épuisées. Les décès de soldats se multiplient car ils contractent diverses maladies: typhus, dysenterie, choléra... La « Dame en Chef », comme on appelait Florence Nightingale, en plus d’assurer inlassablement les soins aux blessés, écrivit des lettres de la part des soldats à leur famille, à qui elle envoie aussi leur solde, et elle organise des salles de lecture dans les hôpitaux. En retour, elle gagne l’estime de tous les soldats anglais. Elle devient célèbre sous le nom de « La Dame à la lampe » car c'est ainsi qu'elle visite les blessés la nuit pour les réconforter.
Grâce aux rapports de Florence Nightingale, le gouvernement britannique détache une commission sanitaire en Crimée qui procède au nettoyage des égouts et à l'amélioration de la ventilation. Le nombre de décès diminue. Cette expérience sur le front Crimée persuade Florence Nightingale que le taux de mortalité est liée à la qualité des soins, de l'alimentation et aux réserves médicamenteuses.
Aussi vénérée que la Reine Victoria
Rentrée à Londres, Florence Nightingale est accueillie en héroïne et sa notoriété égale presque celle de la Reine Victoria. Mais elle doit bientôt garder la chamber car elle revenue de Crimée porteuse d’une brucellose et d’un syndrome de fatigue chronique qui la suivra jusqu’à la fin de sa vie.
Elle joue cependant un rôle capital dans l'élaboration de la Commission Royale pour la Santé dans l'Armée (dont Sydney Herbert est nommé président), en rédigeant un rapport de 1 000 pages appelé à devenir une référence dans l'application des recommandations. Ce rapport révolutionne la prise en charge des soins dispensés aux soldats et conduisit à l'établissement d'une école de médecins militaires et d'un vaste système d'archives médicales dans l'armée.
En 1860, sur la base de ses expériences pendant la Guerre de Crimée, grâce aux fonds récoltés lors de la souscription de reconnaissance à son égard, elle créa une école d’infirmières qui devient le modèle du genre (« Nightingale School and Home for Nurses at Saint Thomas' Hospital ») à Londres. En 1860 son livre le plus connu, « Notes on Nursing » est publié. Il établit les principes des soins : observation soignée et sensibilité aux besoins du patient. l’ouvrage sera traduit en onze langues étrangères et reste d’une étonnante modernité.
Pendant la Guerre de Sécession, en 1862, le gouvernement nordiste fait appel à ses conseils pour organiser les soins médicaux dispensés sur le terrain. Bien que ses idées ne soient pas toutes du goût des hauts gradés nordistes, elles inspirent le corps de volontaires de la United States Sanitary Commission (Commission sanitaire des États-Unis).
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Florence Nightingale va passer les treize dernières années de sa vie cloué au lit, ce qui ne l’empêche pas d’écrire près de 200 livres, brochures et rapports consacrés à l’amélioration des normes de santé.
La reine Victoria lui aura aussi fait l’insigne honneur de la décorer de la Royal Red Cross pour services rendus en 1883. Florence Nightingale est morte le 13 août 1910 et conformément à ses souhaits elle a été enterrée près de la maison de ses parents dans le Hampshire, ses proches ayant refusé qu’on lui fasse des funérailles nationales à l’abbaye de Westminster.
Depuis 1907, le Comité International de la Croix-Rouge décerne la médaille Florence Nightingale aux personnes se distinguant par leurs actions dans le domaine des soins infirmiers.
Aujourd’hui, le 12 mai, jour anniversaire de sa naissance, est devenu Journée internationale des infirmières en hommage à cette femme qui a joué un rôle déterminant dans la lutte contre les maladies infectieuses.
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