Le futur médecin de Louis XV est né dans le Rouergue, à Conques, dans une famille peu fortunée. Destiné à l’état ecclésiastique, il se rend à Montpellier pour étudier la théologie. Mais, alors qu’il est placé comme précepteur chez un pharmacien, il prend goût à la médecine et s’inscrit à la faculté dont il devient vite un élève si remarquable que Michel Chicoyneau, le chancelier de l’université, lui confie l’éducation de ses enfants.
Après avoir obtenu son doctorat en 1683, Chirac obtient une chaire en 1687 avant d’être nommé, en 1692, médecin de l’armée du Roussillon commandée par le Maréchal de Noailles. Il se fait remarquer pendant cette champagne militaire en guérissant avec du lait coupé de lessive de sarment les troupes frappées par une épidémie de dysenterie alors que, jusque-là, l’ipéca s’était révélé inefficace.
Chirac est ensuite nommé médecin du port de Rochefort, ville alors particulièrement insalubre où sévissait une épidémie meurtrière de maladie de Siam, nom donné alors à la fièvre jaune. Atteint lui-même par le mal, il en guérit grâce au traitement qu’il a élaboré et qui sauva plusieurs autres centaines de personnes. Après avoir repris sa chaire à Montpellier avec le même succès, Chirac repart au front, cette fois en Italie et en Espagne avec Philippe d’Orléans. Il s’attire l’amitié du Prince en s’opposant à ce qu’on lui ampute le bras après une blessure au poignet reçue au siège de Turin. Il le soigna et le guérit par des bains prolongés d’eau de Balaruc qu’il avait fait venir spécialement dans ce but.
Rentré avec le Prince à Paris, celui-ci le choisit pour être son premier médecin. Dès lors, les honneurs vont succéder aux honneurs pour Chirac. Associé libre de l’Académie des Sciences en 1716, il succède à Fagon en 1718 au poste de surintendant du Jardin Royal des Plantes en 1718.
En juillet 1719, Chirac est appelé d'urgence par le Régent au chevet de Marie-Louise Élisabeth d'Orléans, la Duchesse de Berry, qui se meurt. En dépit de tous ses efforts, Chirac ne pourra sauver la Duchesse qui décède ans la nuit du 20 au 21 juillet au Château de la Muette.
Chirac à 70 ans lorsqu’en 1720 éclate la peste de Marseille. Il se déclare prêt à partir pour la cité phocéenne, fort de ses succès lors de l’épidémie de Rochefort. Le Roi l’en empêche mais le charge néanmoins de l’organisation des secours. En 1728, Chirac reçoit des lettres de noblesse avant de devenir, en 1731, premier médecin de Louis XV. Mais il ne va pas jouir longtemps de cet honneur, décédant en mars de l’année suivante à Marly.
Son désir le plus cher : créer une Académie de Médecine
Chirac, dès qu’il fut à Paris, montra une ambition démesurée. Ainsi, il désira vivement établir à Paris une Académie de médecine qui devait correspondre avec les médecins de tous les hôpitaux du royaume et des pays étrangers, pour leur proposer des remèdes à éprouver dans les différentes maladies, recueillir soigneusement le résultat de ces expériences ainsi que les observations fournies par l'ouverture des cadavres, et former par ce moyen un corps de médecine fondé sur l'expérimentation. Cette Académie ne devait pas être composée des seuls médecins de la Faculté de Paris. Ce projet provoqua l’ire de la Faculté qui considéra ce projet contraire à ses droits et privilèges, d’autant que Pierre Chirac et les premiers médecins du roi auraient été présidents perpétuels de cette Académie.
La Faculté craignit qu’une telle prérogative ne donnât aux premiers médecins du roi un pied dans les affaires de la Société, et déclara qu’on exclurait tous ceux de son corps qui s’aviseraient d’entrer dans cette Académie et qu’on ne les admettrait plus jamais à la consultation. L’Académie de médecine ne vit donc pas le jour et ne fut créée que sous Louis XVIII, par ordonnance du 20 décembre 1820, à l’instigation du baron Antoine Portal. Pourtant, l’Académie souhaitée par Chirac avait bien eu l’approbation du ministère, puisque les lettres patentes pour son établissement avaient été dressées et scellées. François de la Peyronie profita de la circonstance et obtint, le 18 décembre 1731, dans les corps des chirurgiens de Paris la formation d’une Académie Royale de chirurgie
Pierre Chirac est mort le 8 mars 1732.
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