Nouvelles perspectives pour l'immunothérapie

Publié le 01/10/2018
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Après une longue traversée du désert, l’immunothérapie s’impose comme l’arme du moment en pathologie tumorale. On parle aujourd’hui de thérapies combinées. Deux études du « New England Journal of Medicine » (« NEJM »* dont les résulats ont été présentés World Conference on Lung Cancer (WCLC) de Toronto soulignent que l’addition d’une immunothérapie à la chimiothérapie classique améliore de façon significative la survie globale et la survie sans progression.

De nombreuses études ont déjà mis en évidence le potentiel de l’immunothérapie pour transformer radicalement et en profondeur la prise en charge thérapeutique du cancer du poumon. Elles semblent conclure à son efficacité à plusieurs stades de la maladie tumorale – localisé, avancé ou métastatique. Plusieurs travaux sont en cours afin d’optimiser les différentes possibilités de cette thérapie, de tenter d’identifier les facteurs prédictifs de bonne réponse et d’isoler les « meilleurs » patients qui pourraient en bénéficier.

Un des résultats les plus encourageants pour les patients est l’association de l’immunothérapie à la chimiothérapie classique. L’étude KEYNOTE -189 publiée le 16 avril dernier dans le « NEJM » a démontré le bénéfice en termes de survie apporté par l’association d’une immunothérapie (pembrolizumab, anticorps anti-PD-L1) à la chimiothérapie standard chez des patients avec un cancer du poumon au stade métastatique. L'étude KEYNOTE-407* également publiée dans le « NEJM » a comparé la chimiothérapie classique (carboplatine et paclitaxel ou nab-paclitaxel) combinée à un placebo à l’association pembrolizumab plus chimiothérapie classique chez des patients non précédemment traités pour un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) de type épidermoïde au stade métastatique. Dans cette étude randomisée en double aveugle de phase 3, 559 patients ont été randomisés selon un ratio 1:1.

Après un suivi médian de 7,8 mois, la survie globale médiane était de 15,9 mois (intervalle de confiance à 95 %, 13,2 – non atteinte) dans le groupe combinaison - pembrolizumab et 11,3 mois (IC 95 %, 9,5 à 14,8) dans le groupe combinaison - placebo (p < 0,001). Le bénéfice en termes de survie globale était indépendante du niveau d’expression de PD-L1. L’addition de pembrolizumab à la chimiothérapie standard chez ces patients entraîne une augmentation significative de la survie globale et de la survie sans progression (6,4 mois vs 4,8 mois, p < 0,001).

La deuxième étude publiée dans le même numéro du « NEJM »** concerne le cancer du poumon à petites cellules au stade avancé. Étude randomisée de phase 3, elle montre que l’addition d’atezolizumab à la chimiothérapie en première ligne, augmente de manière significative la survie globale et la survie sans progression par rapport à la chimiothérapie seule.

L’immunothérapie semble donc pouvoir restaurer l’activité du système immunitaire contre les cellules tumorales mais aussi avoir une action synergique avec un autre traitement. Les études cliniques sont ouvertes pour évaluer les différentes places de l’immunothérapie par rapport aux traitements antérieurs (chirurgie, radiochirugie).

*L. Paz-Ares, NEJM 25 septembre 2018. Pembrolizumab plus Chemotherapy for Squamous Non-Small-Cell lung Cancer

**L.Horn, NEJM 25 septembre 2018. First-line Atezolizumab plus chemotherapy in Extensive-Stage Small-Cell Lung Cancer

Dr Laetitia Fartoux

Source : Le Quotidien du médecin: 9690