Otite et amygdalite : penser à la tuberculose

Publié le 06/02/2001
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U NE équipe de l'hôpital Louis-Mourier de Colombes rapporte dans « la Presse médicale » une observation très instructive, qui rappelle que la tuberculose ORL isolée existe.

L'histoire est celle d'une jeune femme d'origine marocaine de 24 ans qui, depuis trois mois, présente une otorrhée chronique gauche résistant aux antibiotiques, et dont les prélèvements sont restés stériles. En raison d'une perforation tympanique, on réalise une tympanoplastie et une mastoïdectomie.
Trois mois plus tard, cette jeune femme est hospitalisée pour une odynophagie avec adénopathie jugulo-carotidienne gauche, avec perte de poids de 10 kg. A l'examen, on constate un suintement au niveau du tympan gauche et une hypertrophie amygdalienne gauche ulcérée. La VS et la CRP (C Reactive Protein) sont élevées ; surtout, l'IDR à la tuberculine est phlycténulaire. La radiographie pulmonaire est normale.

Granulome épithélioïde et giganto-cellulaire

On réalise une biopsie amygdalienne et ganglionnaire ; l'examen histologique révèle un granulome épithélioïde et giganto-cellulaire. La recherche du BK (examen direct, culture, amplification génique) est négative, tant au niveau de la gorge que dans l'écoulement auriculaire. La sérologie VIH est négative.
On instaure un traitement antituberculeux classique, qui permet d'obtenir une guérison complète.
« Les formes ORL de la tuberculose, rappellent les auteurs, sont habituellement associées à une tuberculose pulmonaire (...) Les formes isolées affectant l'oreille moyenne et l'amygdale sont rares mais non exceptionnelles (...). »
L'otite tuberculeuse se manifeste habituellement par une otorrhée purulente chronique et intermittente ; elle peut se compliquer d'une perforation tympanique et de mastoïdite. Quant à l'amygdalite tuberculeuse, indiquent les auteurs, elle « doit être évoquée devant toute hypertrophie amygdalienne unilatérale ulcérée, parfois associée à une adénopathie satellite, faisant craindre une pathologie néoplasique ».
Certes, expliquent les auteurs, le BK peut être retrouvé dans les prélèvements mais c'est souvent la découverte d'un granulome épithélioïde et giganto-cellulaire avec nécrose caséeuse qui fait le diagnostic.
Enfin, le traitement de la tuberculose ORL est le même que celui de la tuberculose pulmonaire.

M. Le Quintrec, E. Mortier, Ph. Vinceneux et J. Pouchot, service de médecine interne, hôpital Louis-Mourier, Colombes. « La Presse médicale » du 20 janvier 2001, p. 62 (lettre).

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6851