L’engagement sur les pesticides d’Anne-Marie Héliès-Soulié, généraliste à Lubersac en Corrèze, ne date pas d’hier. Depuis plus de trente ans, ce médecin installé en 1977 dans une région de pomiculture s’intéresse à la question et mène des actions pour alerter sur les risques en santé publique. Pourtant, c’est la première fois qu’elle est attaquée directement pour ses propos sur le sujet. Dans un reportage d’Envoyé Spécial en mars, intitulé « Peut-on encore manger des pommes ? », la généraliste, signataire de l’ « Alerte des médecins sur les pesticides » témoignait sur les pathologies qu’elle avait vu se développer dans la région ces dernières années « J’ai expliqué qu’on voyait une augmentation des pathologies neurologiques ou des cancers de la prostate et que ce qui avait changé ces dernières années c’était l’environnement ». « Je témoigne seulement, ce n’est pas mon rôle d’apporter les preuves scientifiques. Je n’en ai ni les compétences ni les moyens ».
[VIDEO] Anne-Marie Héliès-Soulié (Envoyé Spécial, France 2)
Pourtant l’association nationale Poires-Pommes (ANPP) a peu goûté les propos de la généraliste et a décidé de déposer une plainte devant le Conseil de l’Ordre de la Corrèze pour manquement à la déontologie. « Je n’avais même pas vu le reportage donc j’ai été surprise, et après l’avoir regardé je l’étais encore plus. Je n’estime pas avoir dit quelque chose d’extraordinaire ». D’ailleurs après 1h30 de discussion « courtoise mais ferme » lors de la conciliation, le vendredi 19 juin dernier, l’ANPP a finalement reconnu qu’il n’y avait en réalité pas de manquement à la déontologie et, comme le souligne l’association "Alerte des médecins sur les pesticides dans un communiqué, a bien été obligée de concéder que "sa plainte n’était pas fondée"...
"Quand j’ai des choses à dire, je le dis"
Loin d’être échaudée par cet épisode le Dr Héliès-Soulié considère qu’il est important que les médecins puissent s’exprimer sur des problèmes de santé publique. « J’ai 38 ans d’exercice, 25 ans d’exercice syndical. Je me considère comme une femme posée et prudente mais quand j’ai des choses à dire je le dis. J’ai la réputation de parler clair mais quand je me trompe je le reconnais ». La généraliste, dont l’activité principale est désormais l’hypnose et qui fut longtemps la présidente du Syndicat national des médecins de groupe (SNMG) est tout de même consciente des règles du jeu médiatique. « Sur un entretien de 45 minutes on garde une phrase ou deux, parfois sorties de leur contexte. Dans le reportage quand j’évoquais une non-assistance à personne en danger, je ne visais pas les pommiculteurs mais les agences de santé qui doivent prendre des mesures. Ce n’était pas un contre-sens mais tout de même un peu sortie de son contexte, » reconnaît-elle.
A un an de la retraite et après de nombreuses années en première ligne sur le sujet, la généraliste a aujourd’hui un peu passé le témoin sur les pesticides. « On a un rôle de sentinelle, mais aujourd’hui ce n’est plus mon combat. Je suis là pour passer le relais à des médecins plus jeunes qui alertent sur le sujet. J’ai un rôle de transmission ».
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