Polémique sur les masques bientôt vendus en masse, Véran en promet aux médecins 3 à 4 gratuits par jour

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Publié le 04/05/2020
Masques FFP2

Masques FFP2
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Où l’on reparle des masques… Dans une interview accordée au Parisien, parue dimanche, Olivier Véran affirme qu’à partir du 11 mai, 100 millions de masques seront « distribués gratuitement » chaque semaine aux professionnels de santé. « Jusqu'ici, on [en] déstockait 45 millions », précise le ministre de la Santé.

« Pour les médecins, pharmaciens et infirmiers, ça sera 3 à 4 masques chirurgicaux ou FFP2 par jour », promet Olivier Véran. Et celui-ci de préciser que « grâce à toutes les commandes passées ces dernières semaines, nous avons pu consolider un stock de 155 millions de masques ». Malgré cette consolidation, le ministre admet ne pas pouvoir certifier qu’il n’y aura plus de soucis d’approvisionnement en masques. « Je me garderais bien de certitudes en la matière, surtout que l'épidémie n'est pas passée », confie-t-il.

Interrogé sur le discours contradictoire du gouvernement sur le port du masque par la population (d'abord considéré comme inutile, il est aujourd'hui recommandé et sera même obligatoire à compter du 11 mai dans les transports en commun), le ministre de la Santé assure qu’il « n'y a aucun revirement, mais une évolution scientifique très forte » et réfuté tout « mensonge d'État ». « La doctrine a évolué en fonction de l'expérience, souligne Olivier Véran. Dès que nous avons eu un avis recommandant le port du masque, nous avons donc aussi évolué. »

Polémique autour des commandes de masques de la grande distribution

Par ailleurs, une polémique a éclaté vendredi après que des acteurs de la grande distribution ont annoncé avoir commandé de nombreux masques de protection. La filière a été accusée d’avoir constitué des stocks de masques alors que les soignants en manquaient. Sept Ordres professionnels, dont celui des médecins, se sont ainsi offusqués dans un texte cinglant du nombre « sidérant » de masques annoncés à la vente par la grande distribution.

« Comment s’expliquer que nos soignants n’aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution, s'indignent les signataires du texte, intitulé "Les masques tombent". Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? »

Pas de « stocks cachés » selon la Fédération du commerce et de la distribution

Face aux attaques, la Fédération du commerce et de la distribution a répliqué qu’il était « faux et malhonnête » d’attribuer les difficultés d’approvisionnement en masque des soignants à la grande distribution et souligné que la grande distribution a remis les stocks de masques FFP2 aux professionnels de la santé dès le début de la crise. Elle a également rappelé qu’avant ce 4 mai, les enseignes n'avaient pas le droit de vendre de masques. « Il n’y a pas de stocks cachés », insiste la fédération, qui indique que les chiffres annoncés « concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement, avec une disponibilité plus rapide des masques à usage unique que des masques en tissu réutilisables ».

Depuis vendredi, plusieurs membres du gouvernement ont tenté d’éteindre l’incendie. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a ainsi dénoncé « une mauvaise polémique ». « Je constate que la grande distribution, depuis le début de la crise sanitaire, a parfaitement joué le jeu notamment pour garantir la sécurité de l'approvisionnement alimentaire des Français », a-t-il déclaré sur France Inter. 

Édouard Philippe a quant à lui affirmé lundi devant le Sénat qu’il « n’y a jamais eu de stocks cachés » de masques par les entreprises de la grande distribution. Il s’agit selon lui d’un « malentendu » qui a « échauffé quelques esprits peut-être en mal de polémique ».

Le prix d'un masque chirurgical plafonné à 95 centimes

Le gouvernement a décidé de plafonner le prix de vente des masques chirurgicaux à 95 centimes l'unité (soit 47,50 euros maximum pour une boîte de 50 masques), mais pas celui des masques en tissu, en raison de la diversité des modèles et de leur provenance, a annoncé vendredi Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie. Concernant ceux en tissu, « comparer les prix ne serait pas légitime », tant il existe de masques de qualités différentes, a-t-elle expliqué. 

Face au risque d'abus — on trouve sur Internet des masques vendus 20 ou 30 euros pièce —, la secrétaire d'État a promis des enquêtes de la DGCCRF « chaque semaine, avec des relevés de prix, circuit de distribution par circuit de distribution », pour garantir l'accès à des prix raisonnables. « L'objectif [est] qu'une offre abondante de masques lavables et réutilisables à filtration garantie soit mise à disposition du public à un coût de l'ordre de 20 à 30 centimes d'euros à l'usage », a précisé le ministère de l'Économie dans un communiqué. En cas de « dérive » des marges, « on prendra un arrêté de plafonnement » sur le prix des masques en tissu, a prévenu Agnès Pannier-Runacher.

Au terme d'une enquête sur les masques, 60 millions de consommateurs fustige le plafond de 95 centimes retenu pour les masques chirurgicaux, « exorbitant » et dix fois supérieur aux prix généralement pratiqués avant la crise, a déclaré vendredi sur France Info Lionel Maugain, l'un des auteurs de l'enquête.

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr