Faut-il désobéir pour exister ? C'est le fil rouge de la dernière pièce mise en scène par Anne Montfort au théâtre de Belleville (Paris 19). En 2015, la réalisatrice signe une pétition de soutien à Rob Lawrie, un bénévole anglais qui s'est fait arrêter par la police en train d'essayer de faire passer une petite fille afghane en Angleterre. Il encourt cinq ans de prison mais le tribunal de Boulogne sur Mer se veut conciliant et le condamne à une peine de 1 000 euros pour ne pas avoir respecté le code de la route. Basé sur le récit autofictionnel de Mathieu Riboulet Entre les deux il n'y a rien et sur les films de Jacques Rivette, la trame de la pièce navigue entre les assassinats des années 70 mêlant l'extrême gauche (Pierre Overney, Aldo Moro), les destins personnels d'alors et notre monde d'aujourd'hui. « Soit délinquant, soit terroriste, entre les deux il n'y a rien, et surtout pas de politique. Or ce que nous voulons, c'est un peu de politique », explique Pearl Manifort, comédienne, qui donne la réplique aux deux autres, Katell Daunis et Jean-Baptiste Verquin, tous lumineux. La violence des rapports humains, la jouissance des drogues et le sexe font partie intégrante de la réflexion portée sur scène. Au risque peut-être d'un peu de dispersion. Toutefois, la poésie demeure. Et le décor brinquebalant de la mise en scène renforce la complexité de notre société qui puise son histoire au plus profond des corps meurtris. Avec cette rengaine continue : « Nous sommes tous des chiens » bons à abattre et à se reproduire. Etrange résonance avec le questionnement posé par la lutte sociale des gilets jaunes d'aujourd'hui. Une belle découverte.
Désobéir, jusqu'au mardi 18 décembre au théâtre de Belleville. 19H15. Tél : 01 48 06 72 34. Métro Beleville.
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