La mort rode souvent sur les planches au théâtre. Dans cette création mondiale de Lars Norén, elle ne quitte pas la scène. Et devient l'unique thème de conversation pour ces touristes échoués là comme chaque année dans cette villégiature étrangère occupée également par les migrants. Mais à la manière d'une vague qui emporte tout sur son passage, ces dernières vacances livrent les ultimes confessions d'un groupe d'hommes et femmes des classes moyennes qui ont cru au progrès et dont le parcours de vie, professionnel ou conjugal, relève plutôt du chemin de croix.
Rien n'est pourtant mortifère. Le verbe de Lars Norén ne relève pas du genre de la méditation à la manière d'un Bossuet. La trivialité pour décrire la déchéance des corps, les bons mots sont autant de moments de théâtre qui permettent d'échapper à la finitude et d'insuffler le souffle de la vie. Et loin de distiller l'ennui ou de relever de l'exercice de style, cette création dense admirablement interprétée par la troupe de la Comédie-Française est un grand moment de théâtre. Pas de vidéo ou de joujoux technologiques, Lars Norén auteur et metteur en scène convoque seulement le verbe et les corps des acteurs dans leur grâce ou leur nudité pour nous parler de l'essentiel, la vie, la mort et le sentiment du temps qui passe. Un Tchekhov d'aujourd'hui qui envelopperait donc dans un même moment le sordide et la grâce, l'ineffable et la violence jusqu'à la mort. Rideau.
Poussière de Lars Norén, mise en scène de Lars Norén, Comédie-Française, salle Richelieu, jusqu'au 16 juin 2018.
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