« Dites non au diabète ». C’est avec ce slogan que l’Assurance-maladie vient de lancer un vaste programme pilote de prévention du diabète de type 2 en Seine-Saint-Denis, dans le Bas-Rhin et à la Réunion. « C’est une initiative qui montre que la CNAM a pris toute la mesure de l’importance du problème. Et ce programme pilote est assez ambitieux puisqu’il prévoit d’inclure 10 000 patients sur trois ans dans ces trois départements », indique le Pr Paul Valensi, chef du service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition des hôpitaux Jean Verdier, Avicenne et René Muret.
« Avec 3 millions de personnes diabétiques dénombrées en 2015 parmi les assurés du régime général et une progression de 3 % par an, la France fait face à un enjeu de santé publique majeur », indique l’Assurance-maladie, en précisant que ce programme de prévention s’adresse aux personnes non diabétiques de 45 à 70 ans, en surpoids (IMC supérieur à 25) et dont la glycémie à jeun s’inscrit entre 1,10 et 1,26 g/l. Le programme vise à amener chaque participant à pratiquer une activité physique régulière (au moins 30 minutes d’activité physique par jour, au moins cinq jours par semaine), adopter une alimentation équilibrée, obtenir une réduction de 5 à 7 % de son poids initial et maintenir ces gains dans la durée.
Mis en œuvre par des acteurs locaux, le programme d’accompagnement se compose d’ateliers individuels et collectifs. « Un entretien individuel d’engagement, des séances collectives de 10 à 15 personnes pendant un an et une session collective de maintien des acquis l’année suivante », indique l’Assurance-maladie, en précisant que seuls les médecins traitants peuvent inscrire les patients au programme, grâce à une plateforme en ligne dédiée. Et ce, après avoir évalué le risque de diabète par le score au questionnaire finlandais FINDRISK (score ≥ 15) et vérifié que le patient remplit bien les critères d’éligibilité (âge, surpoids, glycémie à jeun).
Le Pr Valensi connaît bien ce projet puisqu’il fait partie du Conseil scientifique. Et l’Assurance-maladie s’est largement inspirée des différentes actions qu’il mène depuis plusieurs années dans la prévention du diabète, notamment via l’association DIANEFRA 93. « Nous avons conduit une des rares expériences françaises ayant démontré, dans des études internationales, sa capacité de réduire de 60 % le passage du prédiabète au diabète. C’est une démarche de prévention de long terme. Il faut repérer les personnes concernées puis les convaincre que cette démarche de prévention est faisable. Il faut ensuite qu’elles entrent dans le programme puis prévoir des ateliers suffisamment fréquents pour que les participants aient envie de se retrouver et se restimuler », explique le Pr Valensi.
Tout l’enjeu de la prévention est d’arriver à repérer les personnes ayant un prédiabète. « Il en existe plusieurs définitions : soit une hyperglycémie à jeun, soit une intolérance au glucose, qu’on peut découvrir via un test oral au glucose. Le prédiabète peut aussi concorder avec un taux un peu élevé d’hémoglobine glyquée », indique le Pr Valensi, en précisant que ces prédiabètes peuvent être repérés par une simple prise de sang. « Une glycémie à jeun un peu élevée doit immédiatement faire évoquer le prédiabète », souligne-t-il.
Attention aux coronariens et aux femmes ex-DG
En population générale, il est judicieux d’utiliser un score de risque. « Dans notre équipe, nous avons validé le score FINDRISK auprès de patients en surpoids ou obèses. Dans plusieurs études internationales, il a été montré que ce score était prédicteur d’une survenue ultérieure d’un diabète. Dans notre étude, nous avons même démontré que ce score était déjà prédicteur de l’existence d’une anomalie glycémique », indique le Pr Valensi, en ajoutant que ces préconisations sont relayées dans les recommandations du Consortium européen IMAGE (qui a été soutenu par la Commission européenne). Le Pr Valensi souligne enfin la nécessité d’être attentif à deux catégories de patients à haut risque d’anomalies glycémiques. « Il s’agit des patients coronariens ou avec une pathologie cardiovasculaire et des femmes avec une histoire de diabète gestationnel. Ces patients doivent être évalués de manière régulière sur le plan glycémique et, dans ce cas, l’examen le plus sensible n’est pas la glycémie à jeun mais le test oral au glucose avec dosage de la glycémie à 2 heures ».
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