Courrier des lecteurs

Prendre en charge différemment le burn-out des confrères?

Publié le 13/05/2019

Le burn-out de professionnels de santé alerte régulièrement associations, CNOM, syndicats, revues professionnelles. Malheureusement, sa fréquence augmente. Face à ce « fléau », les mobilisations se concentrent sur la prise en charge des maux présentés par les confrères, et des solutions visant à leur permettre de reprendre le dessus (hospitalisation, écoute empathique…).

Cependant, tout comme dans la prise en charge de nos patients, un volet (à mon avis le plus important) est souvent mis de côté. Nous développons des moyens curatifs, mais à titre préventif que faisons-nous ? Le plus souvent, rien n’est acté pour améliorer le quotidien des confrères pris dans l’engrenage du burn-out.

C’est ainsi que nous voyons très régulièrement des agressions verbales et physiques de confrères quel que soit leur lieu d’exercice. Des propositions d’installation sont faites dans des zones dépourvues de services publics et à la solde de petits énarques (les maires), en oubliant que la solitude est un mal qui ronge dans ce cas les confrères. Des vexations régulières se produisent au sein d’établissements hospitaliers (absence d’internats dignes de ce nom, manque de considération des jeunes étudiants qui servent de larbins et sont souvent sermonnés par les paramédicaux).

Étonnante surdité des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics restent sourds quant à la prise en compte de mesures pour sécuriser les lieux les plus sensibles, ou interviennent de manière très ponctuelle suite à des actes délictueux dénoncés par la presse. Ils annoncent des mesures incitatives (uniquement financières) pour repeupler les déserts, sans voir les motifs de désaffection de ces médecins pour les zones franches ou sans aucun service public ; élément qui majore la solitude et par voie de conséquence le burn-out de ceux qui souhaitent répondre aux sollicitations des concitoyens en mal de prise en charge...

Aucune sanction, ni mise à l’index ne sont actées pour les édiles de communes qui se permettent, pour de vagues raisons d’ego, de créer des maisons médicales parfois inutiles. Quant aux directeurs d'hôpitaux, ils regardent comment réduire leur budget de fonctionnement. En aucune manière, ils ne mettent en cause leur gestion où le médecin et l’étudiant en médecine sont la dernière roue de la charrette, avec un recrutement trop pléthorique d'agents non médicaux qui majorent le déficit. De manière plus inique, ils démontrent leur intérêt en exigeant des professionnels de santé des documents où des actes parfois ridicules ; tout cela, alors que le travail quotidien de ces derniers est déjà épuisant.

Le plus triste, c’est de voir que le service public n’arrive plus à assurer « le confort » de ses professionnels de santé et ne leur permet plus d’avoir l’épanouissement qu’ils pouvaient avoir il y a 10 ans. Aussi, si nous voulons réduire le burn-out des médecins, il est important de travailler sur les causes de ce malaise profond, et pas seulement aux conséquences.

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Dr Pierre Frances Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin: 9749