Privés de désert, 300 médecins de l'Oise en grève illimitée des gardes pour protester contre leur nouveau zonage

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Publié le 13/06/2019
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Crédit photo : PHANIE

« Nous avons voté à l'unanimité une grève illimitée des gardes à compter du samedi 15 juin », déclare en colère le Dr Xavier Lambertyn, président de l'association départementale pour l'organisation de la permanence des soins de l'Oise.

À compter de cette date, les six maisons médicales de garde des six secteurs de garde sur sept que compte le département garderont leur porte close, renvoyant les patients vers les urgences hospitalières. Selon le médecin généraliste installé à Lachapelle-aux-Pots, plusieurs réunions ont eu lieu, courant mai, sur le nouveau zonage contesté par les libéraux, avec la direction de l'offre des soins de l'agence régionale de santé Haut-de-France. Mais en vain !

« Alors que nous étions en zone fragile, le nouveau zonage nous classe en zone blanche, sans difficulté, alors que l'Oise est un département sinistré en médecins. Dans mon secteur de l'ouest de Beauvais, nous étions neuf médecins et trois sont partis à la retraite. Tous les jours, je travaille de 7 h 30 à 20 heures et hier j'ai refusé 22 patients en consultation », déplore le médecin. Selon le praticien, l'ARS a expliqué qu'elle ne pouvait pas influer sur les indicateurs du nouveau zonage décidés au niveau national. « Elle nous a aussi demandé de commencer la grève en septembre. C'est un comble », ajoute-t-il.

La détermination des zones déficitaires en médecins s'effectue selon l'indicateur d'accessibilité potentielle localisée (APL), mis en place par la DREES (ministère de la Santé) pour « mesurer l’adéquation spatiale entre l’offre et la demande de soins de premier recours, à un échelon géographique fin ». Celui-ci est calculé selon le nombre de visites et de consultations par médecin, le temps d'accès à ce dernier et la consommation de soins par classe d'âge des habitants. 

Souffrance 

Pour le médecin, les conséquences de ce nouveau zonage, défini en décembre 2018, sont lourdes. Non seulement les effecteurs perdent le bénéfice de la défiscalisation des majorations de leur forfait d'astreinte (26,50 euros), mais aussi l'intérêt des internes signataires de CEPS (contrat d'engagement de service public) à venir dans le département. « Les jeunes ne vont pas s'installer chez nous car ils ne bénéficient plus d'aides à l'installation », regrette le médecin. 

La grève continuera jusqu'à ce que « le ministère de la Santé accepte de revoir ce zonage ». « Il est hors de question d'attendre le prochain zonage [dans deux ans, NDLR]. Il y a beaucoup de souffrance », affirme-t-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr