Des vacances en toute sérénité

Profiter du voyage pour dépister une maladie chronique

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Publié le 06/06/2017
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Crédit photo : PHANIE

Profiter d’un projet de voyage en avion d'un senior pour dépister d’éventuelles pathologies chroniques et éviter les incidents en vol ou lors du séjour, c'est le message qu'entend porter le Dr Ghislain Haicault de la Regontais, médecin généraliste urgentiste et gériatre, diplômé de médecine aéronautique.

Après avoir travaillé 20 ans dans le rapatriement sanitaire et constaté que, parmi les rapatriés, figuraient de nombreux séniors hospitalisés le lendemain ou le surlendemain de leur arrivée sur leur lieu de vacances, le Dr Haicault de la Regontais a l'idée de créer en 2007 un site de prévention*.

Le site se veut un outil de dépistage des maladies chroniques, organisé autour d’un questionnaire d’auto-évaluation suivi, le cas échéant, d'une consultation chez le médecin traitant.

Auto-évaluation et visite chez le médecin

Le questionnaire comporte, pour les plus de 65 ans, 74 questions à compléter. Il permet à chaque futur passager d'évaluer son aptitude au voyage et de déterminer, ensuite, avec son médecin traitant, les précautions à prendre en cas de pathologie chronique. Les maladies à risque aéronautique sont décrites sur le site, avec conseils à la clef : phlébites, pathologies cardiaques et pulmonaires, maladies métaboliques, apnée du sommeil, maladies du sang et drépanocytose, mal aigu en avion et même maladie d'Alzheimer (avec des conseils pour les aidants) car « pour ces patients, trop souvent mis au placard, le voyage peut être un excellent stimulant », fait remarquer le Dr Haicault de la Regontais.

Le site fait également le point sur les contre-indications médicales, le plus souvent temporaires, au voyage en avion ainsi que sur les délais de convalescence à respecter après une maladie ou une intervention chirurgicale.

Le vol, catalyseur des maladies chroniques

L'explication des hospitalisations survenant sur le lieu de vacances est souvent « à rechercher avant le départ », insiste le Dr Haicault de la Regontais. Car, « lorsqu'une pathologie chronique est non ou sous-diagnostiquée ou sous-traitée, le vol agit comme un catalyseur en provoquant une décompensation chez le malade, à la fois du fait de l'environnement hypobarique et hypoxique du vol mais également du changement de rythme qu'induit le voyage », précise le spécialiste.

Du repos les premières 24 heures

« Les accidents au cours du vol sont très rares car les temps de voyage sont généralement trop courts pour qu'une pathologie sous-jacente se déclare, souligne le professionnel, sauf si le voyage comporte plusieurs vols, avec escales par exemple », ajoute-t-il. Ainsi, « à l'exception de l'embolie pulmonaire et de l'arrêt cardiaque qui peuvent survenir au cours du voyage, la majorité des problèmes surviennent dans les 72 heures suivant le vol », précise-t-il.

Les personnes âgées fragiles qui voyagent doivent impérativement respecter une période de repos complet de 24 heures. « Même lorsqu'une visite est prévue, il est capital qu'elles se reposent, quitte à rester dans le bus la première journée », insiste le médecin.

Il suffit, en effet, d’une seule journée de repos pour que l'organisme se rétablisse, à condition, cependant, que le voyageur calque son rythme de vie sur place à celui qu'il avait avant le voyage. « Pas question de faire un golf 18 trous chaque jour lorsque l'on avait l'habitude d'en faire un tous les 15 jours avant le voyage », fait remarquer l'urgentiste.

Et pour ceux qui ont enchaîné les vols, « le repos est impératif entre chaque vol, soit par période de 24 heures, soit, pour les vols long-courriers avec escale, en demandant un accès aux salons des aéroports, généralement plus calme et où l'on peut s'asseoir, même si cela entraîne un surcoût pour le voyage », insiste le professionnel.

Enfin, selon lui, « voyager lorsque l'on vient de découvrir une pathologie est une erreur, car il faut au moins six mois pour stabiliser un traitement ».

Et le Dr Haicault de la Regontais de regretter que « pour le grand public comme pour nombre de médecins traitants, voler ne pose aucun problème". Or, selon lui, "cela n'est vrai que pour ceux qui sont en parfaite santé ».

*www.voyage-aptitude-senior.fr

Stéphany Mocquery

Source : Le Quotidien du médecin: 9586