Éditorial

Quelle formation pour demain ?

Publié le 05/03/2015
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La pneumologie évolue, gagne en technicité, s’ouvre davantage vers les disciplines frontières, progresse dans les modalités de prise en charge qu’il s’agisse d’oncologie, d’asthme, de BPCO, de pathologies interstitielles, de pathologie du sommeil, d’immuno-allergologie respiratoire, d’infections respiratoires y compris des mycobactérioses. Il nous faut adapter l’enseignement théorique et pratique, développer les approches modernes de la formation, telles que e-learning ou simulation. La réforme du troisième cycle est une formidable opportunité pour un changement majeur, intégrant la dimension européenne de la formation du pneumologue. Le programme Hermès, établi sous l’égide de l’ERS, définit les nombreux domaines de compétences qui doivent être acquises par le pneumologue au cours de sa formation initiale. L’évaluation de cette formation doit être renforcée, ce qui impose un supplément d’investissement universitaire, qui doit être reconnu par les instances facultaires. Maintenir une diversité des formations pratiques au cours de l’internat est une nécessité, pour qui veut pratiquer une pneumologie moderne en interface avec les autres disciplines. Une formation pratique aux gestes techniques qui feront le quotidien du pneumologue (endoscopie, exploration fonctionnelle, sommeil, échographie) doit être structurée avec des temps spécifiquement dédiés et une évaluation rigoureuse des compétences acquises afin qu’au sortir de sa formation de DES, un pneumologue soit totalement opérationnel.

Cette réforme aura, certes, un impact sur le fonctionnement des services hospitaliers mais cette évolution vers une plus grande formalisation et structuration de la formation est un souhait qui est aussi clairement exprimé par les internes. La commission Couraud/Pruvot mandatée par le ministère de l’enseignement pose comme préalable, sur une base qui apparaît purement financière, que la période d’acquisition des compétences passe de quatre à trois ans avec soutenance de thèse après trois ans et adjonction d’une année de mise en responsabilité qui s’apparente à un équivalent d’assistanat déguisé. Sans vouloir jouer sur les mots, la durée de l’internat passe clairement de quatre à trois ans. Ceci n’est simplement pas acceptable.

Nous étions décidés à nous rapprocher des internistes et infectiologues, sur les conseils de la commission ministérielle, afin d’assurer une formation diversifiée et de qualité. La même commission n’a pas considéré la demande comme crédible... Nous proposerons donc une maquette assurant le maintien d’une acquisition des compétences de base sur quatre ans. Nous travaillerons avec les internes bien décidés, eux aussi, à ne pas brader leur formation par une amputation de leur internat. En amont de la mise en responsabilité, une cinquième année doit pouvoir être consacrée, pour une partie de la promotion, à une surspécialisation, soit dans le cadre d’une option (soins intensifs respiratoires, endoscopie interventionnelle) soit d’une formation spécialisée transversale (FST) (oncologie, sommeil, exploration fonctionnelle respiratoire, allergologie), qui sera co-organisée avec les autres disciplines concernées. Cette organisation partenariale avec les autres spécialités nous apparaît comme une nécessité et un réel progrès, notamment pour l’oncologie.

Souhaitons un réel dialogue, sans langue de bois ni double discours, pour construire une pneumologie moderne et performante. Le travail est d’envergure et suppose une refonte en profondeur de nos programmes et de nos modalités pédagogiques. C’est l’enjeu d’une médecine de demain adaptée à de nouvelles contraintes ; nous sommes prêts à y répondre.

Le Bureau de la FFP

Source : Bilan spécialistes