Risque cardiovasculaire : mieux vaut ne pas naître au printemps

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Publié le 03/01/2020
Bébé

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Naître aux beaux jours ne garantit pas de faire de vieux jours… Au contraire même, d’après une analyse de la célèbre étude américaine des infirmières (Nurses’ Health Study), les personnes nées au printemps et en été ont un léger mais significatif sur-risque de mourir du cœur par rapport à celles ayant vu le jour en automne

Les chercheurs à l’origine de cette étrange éphéméride publiée dans l’édition de Noël du BMJ ont étudié les données de plus de 115 000 infirmières âgées de 30 à 55 ans au début de l’étude. Celles-ci devaient remplir un questionnaire de santé détaillé tous les deux ans. Les certificats de décès et les dossiers médicaux ont permis d’identifier les causes de décès sur les 38 ans de suivi. Plus de 43 000 décès ont été enregistrés durant la période dont 8 360 d’origine cardiovasculaire.

À la différence d’études antérieures, les chercheurs n’ont trouvé aucune relation entre la saison et la mortalité globale. En revanche, après prise en compte des antécédents familiaux et des conditions socio-économiques, ils observent que les femmes nées au printemps et en été avaient une légère mais significative augmentation du risque de décès cardiaque, ce surrisque étant maximal pour celles ayant vu le jour en avril (HR = 1,12).

Une saisonnalité encore mal expliquée

Ce constat pourrait s’expliquer par un environnement périnatal différent selon la période de conception (et donc de naissance). Fluctuations des régimes alimentaires, circulations plus importantes d’agents infectieux, augmentation de la pollution aérienne, changement d’ensoleillement, etc. plusieurs pistes ont été avancées mais « des investigations supplémentaires restent nécessaires pour découvrir les mécanismes exacts de l'effet saisonnier du mois de naissance dans la mortalité cardiovasculaire », estiment les auteurs. Le statut maternel en vitamine D déjà incriminé dans le risque cardiovasculaire à l’âge adulte, pourrait aussi entrer en ligne de compte.

La grande force de ce travail a été le contrôle des facteurs de confusion connus pour augmenter le risque cardiovasculaire. On peut aussi se fier à la taille de l’effectif, l’homogénéité de la population et le recensement détaillé des habitudes de vies, des antécédents familiaux et des composantes socio-économiques sur une période de suivi prolongé.

Cette étude confirme donc sur un faisceau de preuves convaincantes, un lien entre la saisonnalité de la période fœtale et périnatale et la mortalité cardiovasculaire comme l’ont démontré d’autres travaux antérieurs. Plusieurs études faites dans l’hémisphère Nord ont en effet établi une association entre la naissance au printemps et en été avec un risque plus élevé de décès cardiaque avec un modèle en miroir pour l’hémisphère Sud. De plus, deux grandes études longitudinales suédoises sur 20 ans rapportent la plus faible mortalité cardiovasculaire pour les natifs du mois de novembre. Mais, ces études ne permettaient pas de contrôler des facteurs importants tels que les antécédents familiaux ou le statut socio-économique. 


Source : lequotidiendumedecin.fr