Seulement 10 % des professionnels de santé, libéraux comme hospitaliers, se considèrent en bonne santé. C'est ce que révèlent les résultats d'une enquête lancée fin mars par le ministère de la Santé et de la prévention.
Au total, 50 000 professionnels de santé y ont répondu. Un nombre de répondants conséquent qui en dit long sur « l'importance du sujet », a estimé Agnès Firmin Le Bodo, la ministre en charge des Professions de santé, qui a dévoilé les premières tendances du questionnaire lors d'une table ronde organisée ce mardi 23 mai à SantExpo.
Stress, fatigue et burn-out sont omniprésents
Si l'ensemble des résultats est encore à affiner, de premières tendances — pas vraiment surprenantes —, émergent de cette enquête. Les résultats suggèrent par exemple que « 71 % des professionnels de santé disent travailler dans le stress et que 64 % se disent quotidiennement fatigués ».
Au-delà de ce stress et cette fatigue observés chez la très grande majorité des répondants, la moitié des professionnels de santé font état de problèmes de sommeil.
Par ailleurs, la moitié des soignants ayant répondu à l'enquête disent avoir déjà été en burn-out. Un constat inquiétant selon Philippe Denormandie, directeur santé du groupe MNH, alors que « pour bien soigner, il faut avant tout être en bonne santé ».
Le chirurgien neuro-orthopédique, également nommé comme personne qualifiée fin mars, avec deux autres soignants, pour mener la mission ministérielle « Santé des soignants », se dit « surpris » par certains résultats.
« Souvent les gens disent que le surmenage est plus significatif à l'hôpital (...) Alors on se dit que l'herbe est plus verte ailleurs… Pourtant les résultats du questionnaire montrent un niveau de souffrance plus important dans le libéral que dans les établissements de santé », souligne le praticien.
Des résultats qui n'étonnent en revanche pas Agnès Firmin Le Bodo qui a, dès le début du lancement de ce chantier, insisté sur la nécessité d'intégrer les professionnels de santé de ville à cette enquête, soulignant le fait que les problèmes de santé des soignants sont davantage documentés « dans les établissements et pas du tout en ville ».
« J'ai travaillé en tant que pharmacienne et je connais donc le secteur libéral. C'est pendant ces années que j'ai développé le sentiment et la conviction que nous ne prenions pas assez soin de notre santé », a confié la ministre.
35 % des répondants consultent moins d'une fois par an le médecin
Pour elle, il y a d'ailleurs autour du sujet de la santé des professionnels de santé, de « nombreux tabous ».
« Les professionnels de santé n'osent pas parler de leurs difficultés. Ils ont des réticences et cette peur, la peur du regard de l'autre, la peur du regard du confrère… », a estimé la ministre.
Un ressenti corroboré par les résultats de l'enquête qui montre que seulement un tiers des répondants osent parler à leurs collègues de leurs difficultés et que 35 % des répondants « disent avoir consulté moins d'une fois le médecin dans l'année ».
Rappelant que les professionnels de santé « étaient liés au respect du secret médical », la ministre a insisté sur la nécessité de « trouver des actions (...) afin de débloquer les choses ».
Face à l'ensemble de ces constats, la mission ministérielle, qui a entrepris notamment des travaux visant à centraliser les dispositifs déjà existants sur le terrain, devra « remonter les bonnes pratiques pour analyser ce qui marche et ce qui marche moins ». Avec pour objectif final, l'élaboration d'une feuille de route d'ici la fin juin.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature