Convoquer des fantômes et les mettre en scène sur un plateau constitue le principe même du théâtre. Simplement Christophe Honoré, au lieu d'inventer des personnages, invite des stars. Premier avantage de la méthode, cela évite de faire les présentations, moment toujours ingrat mêmes chez les plus grands auteurs. Second bénéfice, le directeur du théâtre s'offre une distribution de rêve. Seul problème, ces VIP sont le plus souvent morts. Ce qui devrait soulever théoriquement un problème est ici réglé en se jouant des identités, voire du genre en distribuant le rôle d'un homme par une femme. La méthode inaugurée avec les auteurs du nouveau roman trouve aujourd'hui sa plénitude grâce au retour parmi les vivants de tous ces artistes fauchés par un sale virus, celui du sida. Quel bonheur d'entendre dialoguer Jacques Demy, Serge Daney, Jean-Luc Lagarce, Cyril Collard, Bernard-Marie Koltès, tous tombés sur le front avant l'armistice déclenché par l'arrivée des trithérapies. Impossible d'échapper à l'émotion qui saisit le spectateur devant le retour à l'Odéon de cette génération décimée, sacrifiée. Le public à chaque représentation logiquement fait un triomphe aux comédiens qui le méritent bien. Bien sûr le texte ne relève pas de la catégorie chef-d’œuvre avec ce mélange déroutant de sincérité autobiographique et de roublardise, de cabotinage enveloppé dans de grands moments de théâtre. Une fois le rideau tombé, le souvenir du spectacle s'envole très vite. Demeure le regard d'un jeune homme qui aujourd'hui célèbre paie son tribut à tous ceux qui l'ont aidé à se construire. Cette vérité-là même au cœur de l'art du simulacre qu'est le théâtre ne ment pas.
Jusqu'au 2 février 2019. Odéon, théâtre de l'Europe.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature