Le théâtre d'Arne Lygre, un auteur norvégien contemporain, n'a pas vocation à installer le spectateur dans une zone de confort où il suffirait de se laisser porter par la narration. Ici, le public est au travail tout au long de la représentation. L'écriture introduit une dissociation permanente avec ces personnages qui traversent des moments dramatiques et les commentent en temps réel. D'une scène à l'autre, ils changent d'identité voire de sexe dans une grande fluidité au cours d'une espèce de ronde. Faut-il parler de distanciation ? Il n'y a là rien d'une posture politique à la Bertolt Brecht mais plutôt une vision de notre société instable, liquide où les rapports humains ne s'enracinent pas et basculent dans l'extrême violence d'un moment à l'autre. Il y a certes des instants de plaisir dans la représentation. Les comédiens sont par ailleurs tous remarquables. Mais là n'est pas l'enjeu du spectacle où cette écriture singulière loin des créations collectives aujourd'hui à la mode qui rejettent dans ce domaine toute ambition est traduite avec une grande intelligence par la scénographie. Les acteurs se promènent dans un bassin d'eau tout au long de la représentation en lien avec l’esprit du texte. On aurait toutefois aimé au-delà de la description clinique froide et sans concession l'injection de chaleur humaine qui aurait rompu avec cet implacable état des lieux.
Nous pour un moment, Arne Lygre, mise en scène et scénographie de Stéphane Braunschweig Odéon, théâtre de l'Europe, jusqu'au 14 décembre 2019.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature