Cancer du poumon

Toujours plus de cibles moléculaires

Publié le 17/12/2015
Article réservé aux abonnés

Le cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) reste la principale cause de décès par cancer dans le monde. Dans 10 à 15 % des cas, la croissance incontrôlée des cellules tumorales est due à une mutation du récepteur du facteur de croissance épidermique (R-EGF).

Même si les patients répondent initialement très bien aux traitements standards actuels – les inhibiteurs de la tyrosine kinase (TKI), tels que l’erlotinib et l’afatinib, qui bloquent l’activité de R-EGF – ils finissent inexorablement par développer une résistance, en général 9 à 13 mois après le début des traitements. Deux nouveaux composés, le AZD9291 et le rociletinib (CO-1686), pourraient changer la donne. Ils ont reçu le statut de « breakthrough thérapie » par la FDA. Ces composés correspondent à une nouvelle génération de TKI, capable de contrecarrer les effets de la mutation T790M du R-EGF, mutation responsable de 50 à 60 % des cas de résistance aux TKI de première génération.

Ils ont été testés séparément, chez des patients atteints d’un cancer NSCLC avancé, ayant rechuté après un traitement par TKI de première génération. Les résultats des deux études ont été publiés dans la revue « The New England Journal of Medicine ».

Dans un vaste essai de phase I, 61 % des patients porteurs de la mutation R-EGF T790M ont répondu au traitement par AZD9291, avec un taux médian de survie sans progression de 9,6 mois. Les résultats sont tout aussi bons pour le rociletinib, testé dans une étude multicentrique de phase I/II, avec un taux de réponse de 59 % chez les patients porteurs de la mutation R-EGF T790M, qui présentaient un taux médian de survie sans progression de 13,3 mois.

Nouvelles molécules à l’étude

De nombreux résultats ont été présentés à l’ASCO. Le cabozantinib (C) est un inhibiteur de tyrosine kinase ayant une activité anti-MET, anti-angiogénique, et anti-RET. Il a été testé dans un essai de phase II en comparaison ou en association à l’anti-EGFR erlotinib (E) chez les patients atteints d’un adénocarcinome pulmonaire sans mutation EGFR (1). Au total, 115 patients étaient repartis en 3 bras : 39 étaient traités par erlotinib (150 mg), 39 par cabozantinib (60 mg) et 37 par l’association cabozantinib (40 mg) erlotinib (150 mg). L’objectif primaire était la survie sans progression (SSP), pour laquelle l’étude a montré un avantage : SSP médiane de 1,9, 3,9 et 4,1 mois pour les groupes E, C et E+C respectivement. De la même manière, un bénéfice en survie globale était retrouvé.

Enfin, la voie BRAF a été à l’honneur pendant l’ASCO 2015 avec une étude de phase II étudiant l’association de l’anti-BRAF dabrafenib, avec l’anti-MEK trametinib. Cette étude a montré des résultats très encourageants chez les patients avec un adénocarcinome bronchique métastatique muté BRAF-V600E (ORR de 63 %, et taux de contrôle de la maladie à 12 semaines de 88 %) au prix d’une toxicité acceptable (2).

L’Inca publie le premier référentiel national

Enfin, l’Institut national du cancer (INCa) a publié, cette année le premier référentiel national des cancers du poumon à destinée des professionnels de santé. Ce référentiel, établi à partir de deux référentiels inter-régionaux, a été élaboré par un groupe de travail pluridisciplinaire sous la coordination méthodologique de réseaux de cancérologie (Franche-Comté, Rhônes-Alpes, Lorraine) et la participation des sociétés savantes. Il concerne la prise en charge des patients atteints de cancers bronchiques à petites cellules et non à petites cellules.

(1) ASCO 2015. Joel W Neal. Abs 8003

(2) ibid. David Planchard. 8006

C. F.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9459