Wajdi Mouawad, le directeur du Théâtre national de la Colline, est un singulier oiseau. Son verbe vole haut. Son sujet, comment définir l'identité d'un homme vise donc le sommet. Et pour atteindre cet objectif, son théâtre d'opération n'est rien moins que le conflit israélo-palestinien. On a connu moins d'ambition chez les auteurs contemporains. Au final, après quatre heures de représentation, le public du Théâtre national de la Colline se lève pour saluer l'artiste. Le triomphe semble-t-il se reproduit chaque soir. En dépit des écueils évidents, un auteur libanais prend pour "héros" une famille israélienne. Son jeune couple d'amoureux, un juif et une arabe, s'inscrit évidemment dans l'interminable généalogie des Roméo et Juliette. Et pour alourdir encore la barque, il n'hésite pas davantage à « emprunter » au récit mythique d'un Moïse sauvé des eaux. Mais comme nous sommes au XXIe siècle, l'ADN in fine rétablit la vérité sur les secrets de famille. Plusieurs fois au cours de ce vol en forme de conte, on craint la chute brutale, du fait d'une situation caricaturale, de propos philosophiques de comptoir ou d'une situation dramaturgie poussée jusqu'à ses excès. Mais grâce à une intelligence subtile, une parole poétique et un discours consensuel, jamais la pièce ne dérape. Et nous offre sur un même plateau des comédiens qui nous parlent en anglais, en hébreu, en arabe ou en allemand dans une harmonie totale. Ce miracle-là, ce babel en scène et sur Seine se produit tous les soirs à Paris. Et même si les intentions de l'auteur sont par trop évidentes, on a envie d'y croire juste avant Noël.
Jusqu’au 17 décembre. Reprise au TNP à Lyon en 2018.
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