Toutes les références ne se valent pas

La dénomination usuelle (lait 1er âge, 2e âge, lait croissance) répond aux termes réglementaires de préparation pour nourrisson, préparation de suite, préparation pour enfant en bas âge. « Les laits "relais de l’allaitement", invention marketing sans aucun intérêt, sont toujours plus chers que les laits 1er âge de même marque bien que de qualité inférieure ou au mieux égale », tient à préciser le Dr Bocquet.

La réglementation fixe un maximum et un minimum autorisé pour chaque nutriment. Le site de l’AFPA (www.laits.fr) aide le prescripteur dans son choix.

Protéines, AGPI-LC et sel

Ces 3 critères peuvent être proposés pour orienter le choix d’un lait 1er âge.

1er critère, la qualité des protéines et leur quantité. Le lait de femme contient 1,1 g de protéines/100 ml et la quantité de chaque acide aminé essentiel représente l’aminogramme de référence. Pour s’en approcher, les firmes améliorent l’aminogramme et abaissent le taux de protéines du lait de vache (3,6 g/100 ml), en moyenne à 1,4 g/100 ml. Le choix devrait se porter vers les 32 références de lait 1e âge sur 80, qui ont une teneur inférieure à 1,4 gr/100 ml. « L’étude Chopin (1) démontre la différence de corpulence significative à 2 et 6 ans entre enfants nourris par un lait au taux de protéine le plus élevé du marché vs le plus bas », précise le Dr Bocquet.

2e critère, les acides gras essentiels (AGE). Le lait maternel fournit des AGE précurseurs à 18 atomes de carbone : ω6 (acide linoléique) et ω3 (acide α– linolénique). Il contient aussi des dérivés supérieurs à 20 et 22 atomes de carbone : ω 6 (acide arachidonique ou ARA) et ω 3 (EPA et DHA). « Ces acides gras poly-insaturés à longue chaîne (AGPI-LC) sont cruciaux pour la construction des membranes cellulaires et le développement cérébral », rappelle le Dr Bocquet. Les firmes écrèment le lait et ajoutent des huiles végétales pour l’apport des AGE précurseurs. L’ANSES a recommandé en 2011 l’ajout d’AGPI-LC dans les laits 1er et 2e âge. Le choix devrait se porter vers les 23 références de laits 1er âge sur 80 qui contiennent des AGPI-LC.

3e critère, l’apport de sodium, dont l’excès est addictif et expose à l’hypertension artérielle. Le lait maternel en contient 16 mg/100 ml, le lait 1er âge 16 à 30 mg (moyenne : 21 mg). Le choix devrait se porter vers les 41 références sur 80 qui apportent moins de 21 mg/100 ml.

L’eau et la température du biberon

Le lait maternel est à 37 °C. « À température ambiante, le lait semble moins digeste et les régurgitations plus fréquentes. Utiliser un chauffe-biberon, pas le micro-ondes (brûlures et destruction des probiotiques et des vitamines) », préconise le spécialiste.

Choisir une eau peu minéralisée (résidu sec à 180 °C < 500 mg) évite de solliciter les reins (Mont Roucous 25 mg, Volvic 130 mg, Evian 309 mg, Hépar 2 513 mg…). Vérifier le contenu en sodium de l'eau qui doit être limité. Les eaux Mont Roucous, Evian, Volvic en contiennent respectivement 3, 9 et 7 mg/l, l’eau Cristalline source Ste Sophie 84 mg/l !

Le lait maternel contient 130 oligosaccharides. Ils favorisent une flore intestinale riche en bifidobactéries et lactobacilles, qui améliorent le transit, l’immunité et la santé. Dans certains laits sont ajoutés des probiotiques (bactéries), prébiotiques (fructo oligosaccarides ou FOS et galacto oligosaccharides GOS), synbiotiques (pré et probiotiques) ou post-biotiques (lait fermenté pour produire des métabolites, puis chauffé pour détruire les bactéries), afin d’obtenir une flore intestinale plus proche de celle des enfants allaités. Cependant les études scientifiques de qualité sont rares pour prouver l’effet bénéfique et l’absence d’effet délétère de telles formules.

(1) Am J Clin Nutr 2014 ;99:1041-51