Sur le radicalisme et le terrorisme d'aujourd'hui qui nous laisse sans voix, faut-il convoquer au théâtre Euripide ? Le parti pris du néerlandais Ivo van Hove, une des stars du théâtre européen qui utilise le tragique grec pour évoquer la spirale infernale de la violence, soulève un malaise qui n'est pas lié à la force de certaines images. Certes Euripide (484-405 av. J.-C.) ne cesse de parler de crime et de vengeance dans Electre et Oreste. Simplement, cette violence relève au départ de la sphère privée alors que le spectateur d'aujourd'hui a en tête d'autres scènes de crimes aveugles lié au terrorisme islamique. Pour Euripide, la folie des hommes et des femmes prend d'abord naissance au sein de la famille. Des enfants ont-ils le droit de tuer leur mère parce qu'elle a fait assassiner leur père, roi d'Argos accessoirement à l'origine du sacrifice de leur sœur Iphigénie afin d'épouser son amant ? Où s'arrête la vengeance, où commence la folie ? Apollon était-il déjà mort du temps des grecs ? Toutes ces questions admirables et bien sûr sans réponse sont évoquées avec l'efficacité dont sait toujours fait preuve Ivo van Hove. Mais le spectateur ne peut se contenter de cet état des lieux, même saisissant. Et surtout ce que l'on voit sur scène a peu à voir avec un imaginaire grec. Certes Suliane Brahim en Electre est remarquable comme Christophe Montenez (Oreste) et Loïc Corbery (Pylade). La fin du spectacle ouvre, il est vrai, un abîme insondable. Mais Euripide mérite mieux que d'être ravalé à la fonction de coscénariste d'une série TV pleine de bruit et de fureur.
Electre/Oreste d'Euripide, mise en scène d'Ivo van Hove. Jusqu'au 3 juillet en alternance Comédie-Française, salle Richelieu.
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