Classique
Par Olivier Brunel
A PRES un an de travail auprès du Quatuor LaSalle à Cincinnati, ils rentrent en Autriche, affirmant leur spécificité viennoise. La veuve du compositeur viennois Alban Berg les autorise à utiliser le nom de son mari. Se plaçant sous ce parrainage prestigieux, les Berg s'imposent, dès le début de leur carrière, de jouer à chacun de leurs concerts une uvre du XX° siècle.
Ils donnent en 1971 leur premier concert au Konzerthaus de Vienne et c'est aujourd'hui trente ans de carrière que fête ce quatuor. Avec, pour la France, une série de trois concerts à Paris les 2 février, 3 et 15 mai au Théâtre des Champs-Elysées, la réédition de leur enregistrement de 1984, consacré aux quatuors de Debussy et Ravel, complété par l'uvre intégrale pour quatuor à cordes de Stravinski, et par la sortie d'un nouvel enregistrement de deux des quatuors à cordes de Dvor[135]k.
Trente ans déjà et que de souvenirs avec les Berg ! S'ils se produisent dans le monde entier, ils ont un attachement particulier pour Paris où, chaque année, ils reviennent donner leur programme du moment au Théâtre des Champs-Elysées, tout comme au Konzerthaus de Vienne, au South Bank Center de Londres et à l'Opéra de Zurich qui leur offrent leur propres séries de concerts.
Venus des quatre extrémités de l'Autriche, les quatre membres actuels du quatuor (depuis 1971, deux têtes ont changé dans la formation), Günter Pichler et Gerhard Schulz, les deux violonistes, Thomas Kakuska, l'altiste, et Valentin Erben, le violoncelliste, s'entendent toujours sur la base du répertoire classique pour quatuor, Haydn, Mozart et Beethoven, avec de larges ouvertures sur les musiques romantique et contemporaine. Ils ne s'enferment pas dans l'exclusivité de cette forme faisant souvent appel à des solistes, comme les pianistes Alfred Brendel, Elisabeth Leonskaja et Rudolf Buchbinder, la clarinettiste Sabine Meyer, le violoncelliste Heinrich Schiff et même à des membres d'autres quatuors comme les Amadeus, pour des incursions dans le domaine du quintette ou autres formes musicales.
Tous professeurs dans les écoles supérieures de musique de Cologne et de Vienne, ils forment parallèlement de jeunes musiciens, assurant ainsi la relève.
L'art des Berg se caractérise par une extrême précision visant à la perfection autant dans la lecture des uvres, la recherche du tempo juste que dans l'équilibre entre les pupitres et le travail d'un son spécifique à chaque compositeur abordé impliquant une balance parfaite entre les sonorités respectives de leurs instruments.
Se consacrer à créer le répertoire du XXe siècle est, parmi leurs spécificités, celle qui les distingue de leurs confrères.
La discographie du Quatuor Alban Berg, principalement enregistrée pour EMI Classics, épousant l'histoire du quatuor à cordes, est très étendue, allant de Haydn et Mozart à Berio et Lutoslawski, avec une prédominance vers la musique tchèque (Smetana, Dvor[135]k, Janacek) et hongroise (Bart[151]k) et les fameuses intégrales des quatuors à cordes de Bart[151]k et de Beethoven (enregistrée à deux reprises, en studio puis en public, à vingt ans d'intervalle) ainsi qu'une grande partie de l'uvre pour quatuor et quintette de Schubert. Leur célèbre intégrale des Quatuors de Ludwig van Beethoven, enregistrée et filmée au Konzerthaus de Vienne en 1989, longtemps disponible en vidéocassettes et vidéolaserdisc, devrait être bientôt reprise par le nouveau support du DVD.
Les feux de l'actualité
Trois concerts au Théâtre des Champs-Elysées (01.49.52.50.50) à Paris, les 2 février, 3 et 15 mai à 20 heures.
Emissions sur Radio Classique les 26 janvier à 20 h 40, le 3 février à 9 h 30, le 8 février à 14 heures.
Emission sur ARTE, « La jeune fille et la mort », film de Bruno Monsaingeon le 7 février à 21 h 40.
La FNAC offre un CD inédit pour l'achat de 2 CD de la discographie des Berg.
Le numéro de février 2001 de la revue « Diapason » contient un supplément spécial 30e anniversaire.
L'actualité du disque
Pour fêter ce trentième anniversaire de carrière, EMI l'éditeur du Quatuor Alban Berg réédite un de leur classique, le couplage des quatuors à cordes de Debussy et de Ravel ainsi qu'une nouveauté, deux quatuors de Dvor[135]k.
Le couplage des deux quatuors de jeunesse et pièces uniques dans les productions respectives de Claude Debussy et de Maurice Ravel, fut très critiqué à sa sortie en 1986 (1). On reprochait aux musiciens du Quatuor Alban Berg, dont c'est une des caractéristiques principales, une perfection sonore conférant un aspect glacé à ces deux uvres de jeunesse, tournée vers le passé pour Debussy et pas encore très libérée pour Ravel. Il est vrai que le Quatuor opus 10 de Debussy y perd un peu de sa poésie et que le Quatuor en fa majeur de Ravel mérite un peu plus de liberté rythmique.
[231] la remastérisation de l'enregistrement dans les studios d'Abbey Road pour sa réédition s'ajoute l'atout de l'intégrale (très courte) de la musique de chambre d'Igor Stravinsky dont le « Double Canon », dédié au peintre Raoul Dufy, uvre minimaliste avant la lettre.
Situés aux deux extrémités de sa production chambriste, les deux quatuors d'Anton[146]n Dvor[135]k opus 51 et 105 (sa dernière uvre de musique de chambre), sont le choix des musiciens du Quatuor Alban Berg pour le premier disque de leur trentième anniversaire de carrière (2). Ils reviennent ainsi à leurs amours de jeunesse avec une maturité qui sied surtout à l'opus 105, uvre de sa période américaine suivant de peu la « Symphonie du Nouveau Monde ». On ne peut imaginer balance plus égale entre les instruments, plus de clarté dans les lignes, plus d'agilité dans les phrasés. L'opus 51, plus gracieux, encore proche du folklore slave avec son second mouvement en forme de dumka, est jouée avec une tendresse audible. Les conditions de l'enregistrement en public lui donnent encore plus de prix par la spontanéité et la liberté du jeu des musiciens.
(1) 1 CD EMI Classics (collection Great Recordings of the Century). DDD
(2) 1 CD EMI Classics. DDD
Vive la danse contemporaine
L A danse, qui manquait à la programmation de ce lieu, fait son retour au Théâtre Sylvia-Monfort. Cette dernière y avait, en 1980, à l'époque du Carré, révélé le butô avec le spectacle de Sankai Juku.
Capital Danse, pour sa première édition, comporte quatre spectacles représentant huit nationalités de chorégraphes différentes. Le coup d'envoi a été donné avec deux chorégraphies de jeune créateurs français : par Kubilaï Khan Investigations : « Le Manioc de Dambotoka », de Frank Micheletti, et la création de « No body, never mind » par L'Expérience Harmaat, chorégraphie de Fabrice Lambert.
Suivra une chorégraphie du Costaricain Humberto Canessa, « Poliptico sobre Piel y Madera », par la troupe colombienne Corpus Erigo, les 30 et 31 janvier. Puis l'Atelier de Paris, de Carolyn Carlson, se taillera la part du lion les 2 et 3 février avec « Spiritual Warroirs », quatre solos chorégraphiés par elle-même et dont les interprètes seront : Talia Paz, Carolyn Carlson, Tero Saarinen et en création par Yukata Takei et Tenzin Gönpo. Enfin, le Tokyo Gui-èn-kan donnera la création française de « O-Shila », du Japonais Taketeru Kudo.
Théâtre Sylvia-Monfort (01.56.08.33.89) du 23 janvier au 7 février. Prix des places : de 40 à 100 F.
BLOC-NOTES
Rick Margitza
Saxophoniste-ténor, Rick Margitza s'était surtout fait remarquer pour son bref passage chez Miles Davis dans les années 1980. Auparavant, le musicien avait joué avec d'autres pointures comme le pianiste McCoy Tyner ou le batteur Tony Williams. Cependant, malgré ces cartes de visite, Rick Margitza n'a jamais réellement décollé dans le monde du jazz, en raison sans doute de l'absence d'un style plus personnel et d'une vraie politique de marketing. Cela dit, il demeure une des personnalités fortes de sa génération d'instrumentistes.
Sunside (01.40.26.21.25), 31 janv/1er février, 21 h.
Pierre-Jean Gaucher
Guitariste-compositeur, PierreJean Gaucher s'est surtout fait connaître depuis près de cinq ans pour son travail de relecture de la musique de Frank Zappa, l'une des figures majeures de la planète rock américaine des années 1960-1980, intitulé « Zappe Zappa ». Auparavant, le guitariste avait créé le groupe « Abus Dangereux » et le « New Trio ». Après ces expériences, PierreJean Gaucher revient en ce nouveau siècle avec un groupe et un album très tendance, « Phileas Band », dont l'objectif est d'offrir un kaléidoscope sonore de l'Europe musicale d'aujourd'hui.
New Morning (01.45.23.51.41), 1er février, 21 h.
Christian Vander
Christian Vander a été le batteur mythique d'un groupe français tout aussi légendaire : Magma. Dans les années 1970-80, à la tête de cette formation, qui a révélé d'autres personnalités fortes du jazz en France, Christian Vander a créé un style rythmique très percutant et un monde à part, allant jusqu'à utiliser un vocabulaire particulier. Visionnaire souvent incompris, le batteur a toujours voué un profond respect à une immense étoile du jazz : John Coltrane. Ce retour à une source d'inspiration première est toujours fascinant.
Sunside (01.40.26.21.25), 2 et 3 février, 21 h.
Tuck & Patti
Ce gentil duo guitare-chant avait apporté un petit plus voici une vingtaine d'années dans un jazz vocal quelque peu moribond. Depuis Tuck & Patti sont devenus de bons produits de la société phonographique américaine et se contentent d'aligner la chansonnette. Dommage, car ils ont du talent à revendre !
New Morning (01.45.23.51.41), 3 février, 21 h.
Clarisse Lavanant
Elle a vingt ans et bien du talent, cette jeune personne auteur-compositeur-interprète, qu'on a découvert en première partie des plus grands chanteurs à texte et dont on dit que la voix très pure et convaincante à la fois a des accents de Joan Baez moderne tandis que sa plume a quelque chose d'un Souchon féminin. Elle n'a que vingt ans et en même temps qu'elle sort son premier album - « Où c'est ailleurs ? » (Creon Music/Virgin) - elle se produit sur scène avec ses complices habituels, Michel Haumont à la guitare et Dominique Bertramm à la basse.
Une émotion à partager.
Sentier des Halles (01.42.61.89.96), jusqu'au 3 février, 22 h.
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