Un suivi médical et psychiatrique pour tous

Troubles autistiques, les adultes aussi

Publié le 14/12/2017
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Crédit photo : PHANIE

À l’instar de la concertation autour du quatrième plan autisme, lancée par le gouvernement français, le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est au centre d’une certaine attention médiatique, politique et sociétale en France. Il constitue cependant une réalité clinique à laquelle un grand nombre de médecins traitants généralistes, mais également psychiatres et autres spécialistes, sont fréquemment confrontés. En effet, les mesures prises jusqu’ici ont été essentiellement polarisées sur les enfants, et par ailleurs une grande part de la population adulte en France n’a pu bénéficier des avancées diagnostiques et thérapeutiques de ces dernières années.

Le TSA, selon la cinquième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’association américaine de psychiatrie (DSM-5), fait partie des troubles neurodéveloppementaux. Bien que les symptômes se manifestent habituellement à l’âge de 2 ou 3 ans, le diagnostic formel est trop souvent tardif. Le diagnostic précoce, avec un suivi spécialisé (par exemple selon le modèle de Denver), est aujourd’hui considéré comme nécessaire afin de permettre à l’enfant une meilleure évolution (1).

L’évolution de l’enfant présentant un TSA est très hétérogène et les données de recherches longitudinales sont lacunaires. Les enfants porteurs de diagnostics de handicap intellectuel et ne développant pas de langage fonctionnel n’arrivent que rarement à vivre de manière indépendante à l’âge adulte. Même pour les individus avec un bon fonctionnement cognitif (syndrome d’Asperger), l’intégration sociale n’est le plus souvent que partielle, et le risque d’atteintes significatives de la santé mentale important (2,3).

Une attitude bienveillante

Cette population défavorisée, sous-investiguée, complexe et présentant de multiples comorbidités somatiques et psychiatriques, a particulièrement besoin de l’attention des acteurs de la santé somatique et mentale. Une attitude bienveillante et professionnelle des médecins traitants et des psychiatres est indispensable ! En dehors d’efforts de formation spécifique dans le domaine du handicap mental et de l’autisme, ceci inclut notamment :

- le travail en réseau pluridisciplinaire, avec des centres médicaux spécialisés et les partenaires du handicap, les proches et les associations de personnes concernées par le TSA ;

- la mise en œuvre de consultations d’une durée suffisante, en y associant, si nécessaire, des personnes connaissant bien le patient (aide pour la communication, renseignements anamnestiques) ;

- la recherche systématique de causes somatiques lors de changements cliniquement significatifs dans le champ des activités habituellement réalisées par la personne ou lors d’émergence de comportements défis ;

- le traitement de comorbidités somatiques et mentales selon les recommandations en vigueur ;

- l’évitement de la surmédication et de médication au long cours sans indication justifiée, et en particulier des psychotropes.

Médecin-adjoint, unité de psychiatrie du développement mental. Hôpitaux universitaires de Genève (HUG)
Lai MC et al. Lancet 2014;383:896-910
Murphy CM et al. Neuropsychiatr Dis Treat 2016;12:1669-86
Howlin P, Magiati I. Curr Opin Psychiatry 2017;30:69-76

Dr Markus Kosel

Source : Bilan Spécialiste