La genèse d’une grande œuvre avant son déploiement recèle des secrets de fabrication, mais aussi des doutes et des ambitions. Avec La Mer, écrite dans les années soixante-dix, Edward Bond n’a pas encore trouvé son style, sa dramaturgie. Entre Tchekhov pour l’évocation de la fin d’un monde et Ibsen, médecin légiste de l’âme, le jeune auteur anglais hésite encore. Il nous décrit alors une ville balnéaire juste avant la Première Guerre mondiale secouée par un naufrage. Le drame va révéler des lignes de fracture insoupçonnées, des folies et surtout l’envie de s’évader de ce monde clos, replié, sans avenir. La mise en scène d’Alain Françon, spécialiste historique de l’œuvre, enveloppe ce petit monde en crise de couleurs impressionnistes empruntées à Claude Monet et Turner. La tempête grandiose précède un bord de mer pastel qui a retrouvé son calme. Mais c’est moins des personnages qui s’agitent devant nous que des figures, des évocations. D’où la difficulté à s’attacher à ces caractères en dépit du grand talent des comédiens avec en tête de distribution une Cécile Brune impériale en mère fouettarde et Hervé Pierre en crise de delirium. On demeure là en observateur repérant ici et là les sources à l’origine des grandes œuvres écrites plus tard. L’écrin offert par la Comédie-Française est très beau pour cette pièce de jeunesse qui n’en demandait pas tant.
La Mer d’Edward Bond mise en scène Alain Françon, Comédie-Française en alternance jusqu’au 15 juin.
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