Enquête sur la santé des médecins

Un généraliste sur deux présente des troubles du sommeil

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Publié le 10/12/2018
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Les généralistes ne dorment pas sur leurs deux oreilles. D’après une enquête d’Odoxa pour la Mutuelle Nationale des Hospitaliers sur la santé des professionnels de santé, dont Le Généraliste est partenaire, un médecin de famille sur deux présente des troubles du sommeil. Dans le détail, 25,3 % ont déclaré avoir des difficultés à dormir tous les jours ou presque, et 23,8 % au moins une à deux fois par semaine.

Ces troubles du sommeil se retrouvent chez d'autres professions, les aides-soignants étant les plus touchés avec 66,2 % étant concernés au moins une fois par semaine.

Les femmes ont davantage de problèmes que leurs homologues masculins et, sans surprise, le phénomène est aggravé par l’âge. Les internes par exemple sont moins impactés (42,2 %).

Conséquence inquiétante de ces troubles du sommeil, les généralistes font une consommation de somnifères assez importante. 6,7 % en prennent tous les soirs et la même proportion au moins une fois par semaine. C’est la profession la plus touchée après celle des pharmaciens (15,6 % en tout), les infirmiers et aides-soignants sont ceux qui en consomment le plus quotidiennement (respectivement 7,3 % et 6,9 %). Pour les généralistes, ces chiffres sont plus élevés que ceux d’une récente enquête sur le burn-out, dans laquelle 3,2 % déclaraient prendre des somnifères. En revanche, 14,5 % consommaient des psychoactifs et dans les trois-quarts des cas ces médicaments (somnifères ou psychoactifs) étaient obtenus par autoprescription.

Cette donnée n’est pas surprenante puisque selon l’enquête de la MNH, 55 % des généralistes n’ont pas de médecin attitré. Globalement ce sont les professions les plus à même à prescrire qui ont le moins de médecin traitant – comparativement les infirmières sont par exemple 92 % a en déclarer un.

Mauvais élèves sur l'alcool, bons élèves sur le tabac

Parmi les autres comportements à risque, les généralistes sont mauvais élèves sur leur consommation d’alcool par rapport à leurs collègues soignants. 7,6 % boivent quotidiennement, seuls les spécialistes (10,8 %) et les dentistes (7,8 %) ont une consommation plus importante. « La consommation d’alcool chez les généralistes est un fait déjà observé. Dans une recherche auprès des généralistes de la région Picardie, 5,5 % d’entre eux montraient une dépendance à l’alcool », explique l’analyse de l’étude. Ces chiffres sont toutefois moins élevés que la moyenne des Français, qui d’après les enquêtes de l’INPES de 2014, sont 9,7 % à boire tous les jours. Sur le tabac, les généralistes sont en revanche plutôt bons élèves avec 9,2 % de fumeurs quotidiens, beaucoup moins que les aides-soignants (22,2 %) ou les infirmiers (19,8 %). Ce carnet de santé nous apprend aussi pêle-mêle que les généralistes sont 60 % à faire du sport, que 68 % se vaccinent tous les ans contre la grippe et qu’ils ont pris en moyenne 5,40 jours d’arrêts maladie dans l’année.

Fréquence de consommation d'alcool :

La souffrance des patients, facteurs de stress important

Cet état de santé des généralistes est évidemment lié, entre autres, à leur travail. 43 % des médecins de famille se déclarent ainsi insatisfaits de leur travail. Parmi les facteurs de stress généralement identifiés, on retrouve ceux qui regroupent le travail empêché (tâches contradictoires, relations conflictuelles avec les collègues…), la charge de travail, les comportements d’incivilités des patients, les débordements de la vie professionnelle sur la vie privée et la souffrance des patients.

D’après les résultats de l’enquête, plus les participants sont âgés, moins ils perçoivent ces facteurs de stress, les femmes sont en revanche plus impactées. Comparativement aux autres professionnels de santé, les généralistes sont touchés fortement par la souffrance des patients (3e position) et leurs comportements (5e position). Certains facteurs de stress peuvent aussi être plus importants selon le mode d’exercice. Par exemple, les professionnels libéraux ressentent davantage un débordement du travail sur leur vie privée. Ces sources de stress ont une influence sur les comportements de santé décrits précédemment. En effet, le débordement sur la vie privée et la confrontation à la souffrance des patients ont un impact sur la consommation d’alcool, le travail empêché et les incivilités entraînant des difficultés d’endormissement. À l’inverse ceux qui pratiquent une activité physique régulière vont moins ressentir, la charge de travail, les incivilités ou le travail empêché.

Enquête Odoxa pour la MNH, sur Internet du 27 septembre au 30 octobre 2018, auprès de 6 078 professionnels de santé de France entière, dont 534 généralistes (moyenne d'âge 52,8 ans, 81,8 % en libéral).


Source : lequotidiendumedecin.fr