Si « Le Généraliste » était paru en mars 1910

Un médecin berruyer propose une loterie de la repopulation

Publié le 27/03/2015

« Les causes de notre dépopulation sont multiples et complexes : nombreux aussi sont les remèdes que l’on a proposés pour combattre le mal toujours plus étendu. Un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est que si les familles françaises n’ont plus assez d’enfants, ce n’est point qu’elles ne peuvent pas, mais qu’elles ne peuvent pas en avoir. Le Dr Chambellan avait déjà proposé des moyens fiscaux pour favoriser la repopulation ; impôt sur les célibataires, impôt sur les héritages…

Pas d’emprunt, pas d’impôt lui réplique le Dr Paterne (de Blois) : le moyen que je propose à l’avantage de ne pas grever le budget, de ne pas augmenter nos charges, d’être accepté non seulement sans protestation mais avec satisfaction par la nation tout entière. Il s’agit de créer une loterie annuelle, la Loterie de la repopulation. Celle-ci comporterait comme celle qu’on liquide actuellement plusieurs tirages annuels, chaque tirage donnant des lots de 25 à 500 000 francs et à 1 million. Le nombre de billets et, en même temps, de lots, seraient établis d’après les prévisions du budget de la repopulation. Et si les sommes encaissées dépassaient les prévisions, l’excédent pourrait être versé dans les caisses de subvention aux œuvres de protection de la première enfance (Gouttes de lait, Mutualités maternelles, Œuvres d’allaitement, etc.). La France, dit le médecin berruyer, souffre d’un mal qui la tuera fatalement et à brève échéance. Le mal est curable, mais qu’on se hâte. L’avenir de la France est en jeu, le problème qui se pose pour nous se résume en cinq mots : être ou ne pas être !

Bien parlé, assurément, mais dans une société anarchique, ce sont prescriptions superflues, j’en ai grand-peur… »

(Chronique médicale, mars 1903)