Une étude confirme que la prise de pilule avant ou pendant la grossesse n’expose pas au risque de malformations congénitales

Publié le 07/01/2016

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« Les femmes qui débutent une grossesse juste après l’arrêt d’un contraceptif oral ou celles qui le deviennent alors qu’elles sont sous contraceptifs, doivent être informées que cette exposition in utero n’entraînera pas de risque d’anomalie pour le fœtus. » Cette conclusion d’une étude prospective observationnelle publiée en ligne dans le « BMJ » (« British Medical Journal ») devrait « rassurer et les mères et les médecins », soulignent Brittany Charlton de la Harvard T.H. Chan School of Public Health, premier auteur.

900 000 naissances vivantes

L’équipe de chercheurs américains et danois a utilisé le registre de près de 900 000 naissances vivantes répertoriées au Danemark entre 1997 et 2011. Les données ont été croisées avec celles d’autres registres, notamment du Danish Prescription Register recensant toutes les prescriptions délivrées par les pharmacies danoises depuis 1995.

Environ 2,5 % des enfants (n = 22 013) ont eu un diagnostic de malformations congénitales dès leur première année de vie : système nerveux (spina bifida), du cœur, de l’appareil respiratoire ou urinaire, de la tête ou des membres. Les malformations liées à des causes connues, telles que l’exposition prénatale à l’alcool ou des aberrations chromosomiques (à l’origine notamment de la trisomie 21) ont été exclues de l’étude.

La plupart des mères étudiées (69 %) avaient arrêté les contraceptifs oraux plus de trois mois avant la conception, tandis que 21 % n’avaient jamais pris la pilule. Seulement 8 % avaient arrêté leur contraception orale moins de trois mois avant leur grossesse tandis qu’1 % avait continué à la prendre alors qu’elles étaient déjà enceintes.

Résultats rassurants

Le taux de malformations était globalement le même, de l’ordre de 25 pour 1 000 naissances, quel que soit le groupe, enfants nés de femmes qui avaient continué à prendre la pilule après le début de leur grossesse ou enfants nés de femmes qui n’avaient jamais pris la pilule ou qui l’avaient arrêtée avant d’être enceintes. Il n’y avait de différence après ajustement pour des facteurs de risque tels que l’âge de la mère, le niveau d’éducation ou de revenu, ou encore le tabagisme pendant la grossesse.

Malgré l’efficacité (99 %) de la méthode, 9 % des femmes tombent enceintes la première année de la mise sous pilule du fait d’oublis, de retards, d’interactions médicamenteuses ou d’une maladie. Or les conséquences de la prise d’un contraceptif oral juste avant et pendant une grossesse étaient somme toute peu connues. Quelques études avaient trouvé une association entre la contraception orale (œstroprogestative ou progestative), ce qui n’avait pas été retrouvé par une métaanalyse de 12 études prospectives réalisée en 1990. L’étude du « BMJ » confirme cette dernière métaanalyse. Selon Brittany Charlton, ses résultats « sont d’autant plus rassurants qu’ils sont fondés sur des prescriptions médicales et pas sur les déclarations des femmes, qui peuvent être moins fiables ».

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr