Mésothéliome pleural malin

Une étude lilloise encourageante sur l'immunothérapie en 2e ou 3e ligne

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Publié le 12/07/2017
mésothéliome pleural

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Crédit photo : JONATHAN ASHTON/SPL/PHANIE

L’immunothérapie peut-elle représenter un nouvel espoir dans le traitement du mésothéliome pleural malin ? « Il faut rester prudents mais nous avons obtenu des résultats vraiment prometteurs sur plusieurs critères, en particulier sur le taux de contrôle de la maladie ou la survie globale. Il faut maintenant que cette tendance se confirme mais cela est vraiment encourageant car il s‘agit d’un cancer qui reste très létal », indique le Pr Arnaud Scherpereel, chef du service de pneumologie et d’oncologie thoracique du CHU de Lille et investigateur coordonnateur de l’étude MAPS-2 de l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique (IFCT).

L’objectif de l’étude était d’évaluer l’intérêt de l’immunothérapie dans le traitement de 2e ou 3e ligne, dans le mésothéliome, cancer dû à l’amiante dans au moins 80 % des cas. « Le traitement de première ligne reste une chimiothérapie par platine et pémétrexed. C’est un traitement validé par toutes les recommandations internationales, permettant une médiane de survie est de 13 à 15 mois. Mais ensuite, en cas d’échec ou d’échappement, aucun traitement n’est validé. On utilise actuellement des chimiothérapies anciennes, peu efficaces ou des soins de support stricts. Avec ces traitements de 2e et 3e lignes, le taux ce contrôle de la maladie à 12 semaines est au maximum de 30 %. Cela reste donc très faible », souligne le Pr Scherpereel.

125 patients inclus dans 21 centres français

C’est dans ce contexte qu’a été lancé cet essai sur 125 patients souffrant d’une tumeur primitive de la plèvre. Ces patients ont été recrutés dans 21 centres en France, de mars à août 2016. « Nous avons réussi à monter cet essai dans un délai très court grâce à la très bonne mobilisation des investigateurs de l’IFCT, du réseau expert national Mesoclin et des associations de patients », indique le Pr Scherpereel.

Après leur chimiothérapie en 1re ligne ou 2e ligne de traitement, ces patients ont bénéficié d’une immunothérapie. Deux protocoles étaient à l'étude : le nivolumab en monothérapie ou le nivolumab en association avec l’ipilimumab. Leur évaluation a tenu compte des critères suivants : le taux de contrôle de la maladie, la toxicité, la survie sans progression, la survie globale, la qualité de vie…

45 à 50 % de stabilisation de la maladie

« L’étude a démontré un taux de stabilisation à 12 semaines de 44.4 % pour les patients traités par nivolumab, et de 50 % pour le groupe traité par nivolumab plus ipilimumab » précise le Pr Scherpereel. on observait une diminution de la tumeur (réponse objective) dans 18.5 % des cas pour le groupe traité par monothérapie et de 25.9 % pour les patients en traitement combiné. La médiane de survie globale était de 10,4 mois dans le groupe traité par nivolumab tandis que la durée médiane n’a pas encore été atteinte dans le groupe de traitement combiné (plus de 50 % des patients étant en vie au moment de cette première analyse).

« La survie sans progression de la maladie était de 4 mois dans le groupe traité par nivolumab en monothérapie et de 5,6 mois dans le groupe de traitement combiné. Concernant le profil de tolérance, le nombre d’effets indésirables liés au traitement, de grade 3-4 (sévères), était de 18 % des patients dans le groupe de traitement combiné nivolumab plus ipilimumab et de 9.5 % dans le groupe traité par nivolumab », précise le CHU de Lille dans un communiqué.

Affiner la stratégie thérapeutique

Ces résultats ont été présentés au congrès de l’ASCO en juin à Chicago. « Nous allons faire une autre évaluation en août et nous espérons que cette tendance positive de survie globale va se confirmer », indique le Pr Scherpereel, en espérant la délivrance d’une AMM ou d’une RTU pour ce traitement. « Ensuite, il faudra définir la meilleure stratégie thérapeutique, pour voir si l’immunothérapie doit rester un traitement de 2e ligne ou devenir un traitement de 1re ligne. Deux essais cliniques sont en cours, l’un en France et l’autre en Australie, pour évaluer l’immunothérapie en 1re ligne en comparaison avec la chimiothérapie. Plusieurs critères devront être pris en compte : la capacité des patients à bien répondre à l’immunothérapie (biomarqueurs en cours d’évaluation) ainsi que la toxicité potentielle du traitement. Dans le deuxième groupe (nivolumab et ipilimumab) de 62 patients, il faut noter 3 décès potentiels liés au traitement. Mais il faut tenir compte du fait que c’est un cancer très létal avec, je le répète, une médiane de survie de 13 à 15 mois sous chimiothérapie standard actuelle », indique le Pr Scherpereel, soulignant ainsi à nouveau l’espoir engendré par l’immunothérapie dans le mésothéliome pleural malin.

Antoine DALAT

Source : lequotidiendumedecin.fr