Quand pourront véritablement démarrer les programmes de Développement professionnel continu (DPC) ? Et comment les ophtalmologistes vont-ils pouvoir, comme tous les autres médecins, valider leurs obligations annuelles dans ce domaine ? Il est aujourd’hui impossible de répondre à ces questions, selon le Pr Gilles Renard, directeur administratif et scientifique de la Société française d’ophtalmologie (SFO). « Nous sommes dans une situation de totale incertitude. Aujourd’hui, on a même le sentiment d’aller droit dans le mur. Car comment voulez-vous que les médecins puissent valider leurs obligations en 2014, si aucun programme de DPC n’est disponible au cours de l’année ? », s’interroge le Pr Renard.
Instauré en 2009 par la loi Hôpital, patients, santé, territoire (HPST), le DPC vise à réunir dans une même démarche la formation médicale continue (FMC) et l’Évaluation des pratiques professionnelles (EPP). Pour porter le développement du DPC, toutes les spécialités médicales ont été invitées à créer un Conseil national professionnel (CNP). En 2011, c’est l’Académie française de l’ophtalmologie (créée en 1999) qui a été désignée pour être le CNP pour l’ophtalmologie. « Mais il a été décidé que ce serait la société savante qui serait l’organisme habilité pour l’accréditation en ophtalmologie, précise le Pr Renard. En 2013, la SFO a pu bénéficier de la période transitoire instaurée jusqu’au 30 juin, ce qui nous a permis de déposer un dossier de DPC sur l’accréditation qui a eu lieu en mai et a été complété par un envoi de QCM en septembre. Ce projet, qui a rassemblé une cinquantaine d’ophtalmologistes, a bien fonctionné : l’organisme et les participants ont été indemnisés », explique le Pr Renard.
Une fois passée la période transitoire, la SFO a de nouveau déposé ce dossier en juin dernier, dans la période officielle de dépôt. « Nous avons complété le dossier en septembre puis en décembre et nous attendons maintenant qu’il soit examiné par la Commission scientifique indépendante (CSI) », explique le Pr Renard, en ajoutant que l’attente pourrait être longue. « C’est en effet le grand embouteillage à l’organisme gestionnaire du DPC (OGDPC) où plus de 1 200 dossiers, toutes spécialités confondues, ont déjà été déposés. Sur ce total, seulement une quarantaine, à ce jour, a été examinée par la CSI, qui en a validé une trentaine et rejeté une dizaine. Il reste donc environ 1 150 dossiers qui sont toujours en attente d’examen. À ce rythme, il faudra attendre au moins deux ou trois ans avant qu’une décision puisse être prise pour l’ensemble des dossiers. Clairement, la situation est ingérable », estime le Pr Renard. Pour développer des programmes de DPC destinés aux ophtalmologistes, la SFO a créé une société commerciale, OPH-FORMATION, qui a déjà déposé six dossiers, eux aussi toujours en attente devant la CSI. « Une des solutions pour débloquer la situation serait d’accepter tous les dossiers puis de procéder à une validation a posteriori. Mais c’est une décision lourde et politiquement pas très facile à prendre », estime le Pr Renard, qui porte un regard sévère sur l’architecture mise en place pour gérer ce DPC.
« On a mis en place un système compliqué qui permet aux médecins généralistes de torpiller la CSI, en refusant tous les DPC de spécialité qui ont le moindre petit soutien de l’industrie pharmaceutique », souligne-t-il, tout en dénonçant une « étatisation » d’un système de formation continue et d’évaluation des pratiques qui, globalement, fonctionnait correctement selon lui. « Avec les sociétés savantes, les petites associations locales de formation, les DU et le DIU, cela tournait plutôt pas mal. Aujourd’hui, à la place, on a un dispositif qui donne une véritable impression de fiasco généralisé », déplore le Pr Renard.
D’après un entretien avec le Pr Gilles Renard, directeur administratif et scientifique de la Société française d’ophtamologie (SFO), ancien chef du service d’ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu à Paris.
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