LE PÔLE environnement du laboratoire central de la préfecture de police de Paris s’inquiète. Une autre source potentielle d’intoxication par le plomb, notamment pour les plus jeunes, émerge : le khôl. Ce maquillage qui, traditionnellement, souligne de noir le regard des femmes originaires du Moyen-Orient, du Maghreb ou d’Asie. L’attention du laboratoire a été attirée par les missions saturnisme des mairies, par des publications (lire « le Quotidien » du 1er octobre 2009). Ce qui a conduit à une enquête sur ces cosmétiques vendus dans les boutiques dites de « commerce ethnique ». Elle a découvert que sont commercialisés des produits ne répondant pas la législation française, puisque contenant souvent du plomb.
En effet, la principale origine du saturnisme, notamment en région parisienne (70 % des cas en France), se trouve dans les peintures au plomb (utilisées avant 1948) de logements vétustes. Les collectivités locales veillent à les éradiquer aidées dans cette mission par la Préfecture de police pour la partie analyse. C’est dans ce cadre que Catherine Sainte et coll. se sont intéressés à ce cosmétique. Leur enquête a éliminé les khôls distribués par les grandes marques de cosmétiques et tenus à respecter la législation, pour s’orienter vers les commerces de produits étrangers.
Les poudres et les pâtes.
En première analyse, il apparaît deux grandes catégories de khôl, les poudres et les pâtes. Les poudres pulvérulentes sont essentiellement constituées de sulfure de plomb (la galène). Le risque d’intoxication digestive est élevé par ingestion après s’être frotté les yeux irrités et avoir porté les doigts à la bouche. Une absorption nasolacrymale est suggérée. Les pâtes, en revanche, composées de zinc et de carbone sont exemptes de plomb.
Sur 18 conditionnements de khôl analysés, quatre étaient conformes à la législation. Les 14 autres contenaient essentiellement de la galène, pour une concentration en plomb dépassant 80 % pour 12 d’entre eux. Les produits provenaient du Maghreb, du Moyen-Orient, du Pakistan et d’Inde.
Les auteurs suggèrent de réprimer la vente de ces khôls, de bannir l’usage de plomb dans les produits pour lesquels existe une alternative et d’informer la population des risques encourus. Cette dernière recommandation vise aussi les femmes qui rapportent leur maquillage d’un voyage à l’étranger.
C. Sainte, S. Gille, P. Mont out, C. Droguet, A. Coursimault et B. Fargette. En attente de publication.
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