En neurophysiologie, est décrit un phénomène dit d' « extinction d'un réflexe conditionné ». Il consiste en ceci : lorsque l'on crée expérimentalement chez un animal une réponse conditionnée de peur, par exemple par un choc électrique, en l'associant à un son, cette réponse de peur (sous la forme d'augmentation de la pression artérielle et de comportements défensifs) tend à diminuer si on fait entendre de manière répétée le son sans produire le choc électrique. C'est cela que l'on appelle l'extinction. Ce phénomène est connu depuis longtemps.
En quoi consiste-t-il ? Déjà Pavlov avait émis l'hypothèse que l'extinction n'est pas une annulation du conditionnement, mais une nouvelle forme de mémoire.
Le cortex médian préfrontal
Partant de ces bases, Mohammed R. Milad et Gregory Quirk (département de physiologie à Ponce, Porto Rico) démontrent, chez le rat, l'existence d'une mémoire à long terme de l'extinction, qui fait appel à une structure neurologique précise : le cortex médian préfrontal (dont ils trouvent que les neurones ne sont impliqués ni dans l'extinction elle-même, ni dans sa mémoire à court terme). Ils montrent aussi que cette mémoire à long terme de l'extinction implique les récepteurs NMDA (N-méthyl-D-aspartate), qui sont indépendants de la mémorisation à court terme.
« Nous suggérons que la consolidation de l'extinction après l'entraînement implique un renforcement de l'activité des neurones afférents stimulés par les sons, peut-être par le biais d'une plasticité dépendante des récepteurs NMDA », écrivent les auteurs.
Des microinjections d'antagonistes des NMDA ou d'inhibiteurs de protéines kinases bloquent l'extinction de la peur.
Ces démonstrations ont deux implications. D'une part, « nos données apportent une preuve physiologique de l'hypothèse émise de longue date selon laquelle l'extinction forme une nouvelle mémoire qui inhibe la réponse conditionnée », écrivent les auteurs. D'autre part, leurs découvertes les amènent à poser une hypothèse de travail pour de traitement du stress post-traumatique.
Il a été récemment montré qu'un défaut de renforcement de l'activité des neurones du cortex médian préfrontal après l'extinction pourrait induire des réponses de peur exagérées. De fait, on a observé que les patients souffrant de stress post-traumatique présentent une diminution de l'activité du cortex préfrontal lorsqu'ils sont réexposés à un rappel de la situation qui a généré le stress. Ainsi, imaginent les auteurs, « en couplant les stimuli de réminiscence avec une activation du cortex préfrontal, on pourrait renforcer l'extinction de la peur. La stimulation pourrait être réalisée par des stimulations magnétiques transcrâniennes répétées ».
« Nature », vol. 420, 7 novembre 2002, pp. 70-74.
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