Fréquemment cités parmi les responsables de l’engorgement des services d’urgence français, notamment en raison de leur prétendue méconnaissance du fonctionnement du système de santé, les patients ne seraient finalement pas de si mauvais élèves. C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ministère de la Santé) publiée vendredi dernier. Portant sur l’année 2017, celle-ci démontre en effet qu’une large majorité des personnes s’étant rendues une ou plusieurs fois aux urgences cette année-là étaient également allées chez un médecin généraliste dans les mois précédents.
Si la Drees précise d’emblée que son étude ne permet pas de démontrer « directement » que la hausse continue de la fréquentation des urgences entre 2009 et 2017 (+ 2,5 % en moyenne chaque année, pour atteindre 20,7 millions de passages en 2017) est due à « un défaut de recours » à la médecine de ville et/ou à un « défaut d’articulation » entre médecine libérale et services d’urgence, elle affirme que le « degré d’insertion de la patientèle des urgences dans la médecine de ville (…) s’avère très élevé ». Ce qu’avait déjà illustré un sondage mené en 2019 par BVA pour « Les contrepoints de la santé » pour lequel deux tiers des Français (66 %) affirmaient « penser en priorité à leur généraliste en cas d’urgence non vitale ».
1,3 consultation de plus durant l’année précédente pour les patients des urgences
Pour parvenir à ce constat, la Drees a notamment comparé le taux de recours à un médecin généraliste des patients étant allés aux urgences à celui du reste de la population. Puis à celui des personnes s’étant rendues au moins une fois chez un omnipraticien, de façon à écarter celles n’ayant pas eu besoin de consulter de médecin pendant l’année et donc avoir une comparaison plus pertinente.
Résultat : 88 % des patients des urgences avaient consulté un médecin de famille dans les douze mois précédant leur passage aux urgences, contre 86 % du reste de la population. Si les taux sont similaires, le nombre de recours est en revanche plus élevé pour les premiers, avec 1,3 consultation de plus chez le médecin généraliste dans l’année précédente pour les patients des urgences. « Une fois certaines caractéristiques des bénéficiaires prises en compte à l’aide d’une modélisation toutes choses égales par ailleurs, les patients des urgences ont comptabilisé 27 % de consultations avec un généraliste de plus que la patientèle non passée par les urgences », ajoute la Drees.
L’enquête révèle également que les patients passés au moins quatre fois par un service d’urgence en 2017 ont également fréquenté largement les cabinets libéraux. Ainsi, 92 % d’entre eux ont consulté près de 10 fois un généraliste durant l’année précédant leur passage de référence (celui retenu par l’enquête via un tirage au sort, ndlr). Toujours prudente, la Drees observe que ces chiffres « ne permettent pas de dire si (…) le passage aux urgences se fait par substitution au recours à un généraliste (…) mais laisse à penser que cet effet (…), s’il existe, n’est pas dominant ». L’étude montre en outre que moins d’un patient des urgences sur dix, tout au plus, n’avait consulté ni un généraliste, ni un autre spécialiste de ville dans les douze mois précédant son passage.
Enfin, le service statistique du ministère de la Santé note que 17 % des patients des urgences avaient vu un médecin de famille la semaine précédant leur passage.
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