Olivier Véran l’avait laissé entendre ce matin, la Haute autorité de santé (HAS) l’a confirmé dans la foulée : les personnes de moins de 55 ans ayant déjà reçu une dose de vaccin AstraZeneca doivent bénéficier d’un vaccin à ARN pour la seconde injection.
Mi-mars, suite à la survenue de rares cas de thromboses atypiques chez des patients vaccinés avec le vaccin AstraZeneca, la HAS avait préconisé de réserver ce dernier aux plus de 55 ans, moins concernés a priori par ce risque potentiel. Restait à statuer sur la conduite à tenir pour les quelque 500 000 personnes de mois de 55 ans ayant reçu une première injection d’AstraZeneca et devant normalement recevoir une seconde dose dans les prochaines semaines. La question vient d’être tranchée avec la publication ce vendredi d’un nouvel avis de la HAS.
Une deuxième dose indispensable
Parmi les options sur la table, celle consistant à se satisfaire d’une seule dose a clairement été écartée. « On sait que la protection conférée par ce vaccin dans les trois mois qui suivent la première injection est bonne mais qu’au-delà, la protection diminue », a expliqué le Pr Elisabeth Bouvet, lors d'une conférence de presse. « Nous avons donc considéré qu’il fallait absolument une seconde dose d’un vaccin anti-covid pour obtenir une bonne efficacité dans le temps ».
À ce titre, même si selon l’EMA, l’âge n’apparaît pas clairement comme un facteur déterminant vis-à-vis du risque de thrombose, proposer à ces personnes jeunes de poursuivre leur vaccination avec le vaccin AstraZeneca « ne serait pas logique » compte tenu des recommandations françaises précédentes, juge le Pr Bouvet. En théorie, « l’utilisation du vaccin Janssen aurait pu être discutée, poursuit la présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS, mais il n’est pas encore disponible sur le terrain et compte tenu des faibles quantités attendues il sera a priori réservé à certains publics particuliers ». Par ailleurs, vue l’impossibilité actuelle d’exclure un effet de classe (lié au vecteur adénoviral), « l’utilisation d’un autre vaccin de ce type est difficile à envisager », indique l'avis de la HAS.
Dans ce contexte, l'autorité sanitaire recommande donc d’utiliser les vaccins à ARNm actuellement disponibles (vaccin Comirnaty ou vaccin Moderna) en seconde dose, pour les personnes de moins de 55 ans ayant reçu une première dose du vaccin Vaxzevria, avec un intervalle de 12 semaines entre les injections.
Schéma vaccinal mixte
Cette stratégie dite de prime-boost hétérologue (ou schéma vaccinal mixte) « est certes peu utilisée chez l’homme pour le moment », reconnaît le Pr Bouvet, « mais elle est à l’étude dans le cadre du développement de plusieurs vaccins (VIH notamment) » et s'est déjà avérée plus efficace que l'approche de prime-boost homologue (injections strictement identiques) au cours d'études effectuées chez l’animal ou dans des essais de phase 1 et 2, avec des avantages en termes de type et de durée de l’immunité. Elle pourrait aussi permettre de « diversifier la réponse contre les souches virales tout en augmentant l'intensité des réponses immunitaires contre une souche particulière ».
En termes de tolérance, « il n’y a aucune raison de craindre des effets secondaires particuliers », estime le Pr Bouvet.
La HAS recommande toutefois de mettre en place une étude de cohorte pour évaluer la réponse immunitaire conférée par ce schéma de vaccination mixte ainsi qu’un suivi spécifique de pharmacovigilance.
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