A Hô Chi Minh-Ville (7 millions d'habitants), les 34 hôpitaux et leurs 13 500 lits ne sont pas suffisants pour répondre aux besoin de la population. Selon le ministère de la Santé vietnamien, 75 % des équipements médicaux hospitaliers seraient obsolètes. Il n'est pas rare de voir deux patients partager le même lit.
Devant la gravité de la situation, dix médecins français ont décidé d'ouvrir dans cette ville un hôpital franco-vietnamien. « Les infrastructures vietnamiennes sont dans un état épouvantable, témoigne Stéphane Romano, orthopédiste. La politique de santé est à bout de souffle. »
Le projet trouve toute son originalité dans sa structure financière et commerciale. Evalué à 40 millions de dollars, il a été monté grâce à des prêts de 26 millions de dollars de l'International Finance Corporation (IFC), branche privée de la Banque mondiale, et de la Banque asiatique de développement (BAD). La Banque d'investissement et de développement du Vietnam (BIDV) et la Proparco, filiale de la Banque française de développement, ont également participé. Leurs prêts se sont ajoutés au capital des dix fondateurs (neuf médecins et un avocat français) de 1 million de dollars et aux apports des 450 spécialistes français, belges et suisses actionnaires. « Le Vietnam a décidé de s'ouvrir à l'économie de marché, et accepte désormais des fonds privés pour les hôpitaux », explique Jean-Marcel Guillon, futur directeur du FV Hospital.
Vingt médecins vietnamiens feront partie de l'équipe. « Nous avons reçu beaucoup de candidatures des Vietnamiens, ils sont des admirateurs de la médecine française », confie Marc Gonon, l'un des fondateurs.
Il est vrai que ce projet de développement permettra un transfert de technologies, et la formation de médecins et de personnel soignant locaux. Des accords ont été conclus avec les universités locales pour accueillir des internes.
Les 450 médecins actionnaires feront des rotations : ils exerceront chacun quinze jours par an dans le FV Hospital, pendant six ans.
Un système forfaitaire
La consultation coûtera 10 dollars, soit deux fois plus que dans le secteur public. « C'est un prix compatible avec la consommation moyenne des Vietnamiens », assure Stéphane Romano. Au Vietnam, les malades sont habitués à payer leurs soins. De plus, dans ce forfait seront compris les frais d'entretien du matériel, mais aussi la nourriture et les draps (fournis habituellement par les patients et leurs familles). « Les familles des malades viennent de très loin. Elles occupent les pelouses des hôpitaux, préparent à manger et dorment dehors », raconte Marc Gonon.
Le FV Hospital s'adresse à la classe moyenne vietnamienne. « C'est par cette population que l'on peut donner une impulsion dynamique sociale à un pays », explique le Dr Romano. Quant aux plus démunis, les médecins français ont créé une association afin de récolter des fonds pour pouvoir dispenser des soins gratuitement.
Le FV Hospital n'est pas seulement une action humanitaire. Ses fondateurs souhaitent en faire une structure « pérenne ». Doté d'un matériel performant, d'équipements modernes permettant des traitements inédits dans le pays comme la radiothérapie, le FV Hospital doit revenir à l'Etat vietnamien dans cinquante ans. L'ouverture au public vietnamien est prévue le 20 janvier 2003.
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