Les antihistaminiques H1 (AH H1) administrés par voie orale sont-ils efficaces et sûrs chez les personnes atteintes d'eczéma comparativement au placebo, lorsqu’ils sont administrés en sus des crèmes et onguents, ou sans ajout à ces derniers ? Dans une récente publication (1), la Cochrane a inclus 25 essais contrôlés randomisés avec 3 285 participants de tous âges ayant reçu un diagnostic d'eczéma. Huit études portaient sur des enfants ou des adolescents et 17 sur des adultes. La plupart d'entre elles n'ont pas signalé la gravité de l'eczéma au départ, mais elles ont été menées dans des établissements de soins secondaires avec donc des patients certainement atteints d'eczéma plus sévère. Les chercheurs ont étudié 13 traitements AH H1 différents dont la plupart étaient de deuxième génération.
→ Une étude a comparé la cétirizine à 0,5 mg/kg/j à un placebo chez 795 enfants sur 18 mois. Cette molécule est probablement associée à moins d'événements indésirables, surtout légers (risque relatif de 0,68), et à la nécessité d'administrer un peu moins d'AH H1 pour prévenir les poussées. Les signes cliniques évalués par les médecins ont connu une réduction dans les deux groupes mais sans différence significative. Étudiés pendant quatre semaines chez 84 adultes, les effets de la cétirizine à 10 mg/j ont été comparés à ceux d'un placebo. Les résultats ne montrent aucune différence entre les groupes quant aux symptômes évalués par le patient, au nombre d'événements indésirables ou aux changements des signes cliniques reportés par le médecin, à la quantité de traitements de secours topiques nécessaires ou au nombre d’applications comme indicateur des poussées d'eczéma.
→ Comparativement au placebo, la fexofénadine à 120 mg/j administrée à des adultes pendant une semaine réduit légèrement les démangeaisons évaluées par le patient et permet également d’en diminuer les zones de façon plus importante, selon l'évaluation d'un médecin. Elle n’entraîne que peu ou pas de différence sur les effets secondaires (surtout somnolence et maux de tête) ni sur la quantité de butyrate d'hydrocortisone à 0,1 % utilisée (co-intervention dans les deux groupes) comme indicateur de poussée d’eczéma.
→ Une étude menée auprès de 28 adultes a comparé la loratadine à 10 mg/j prise sur 4 semaines à un placebo. Là aussi, on n'a constaté aucune différence entre les groupes pour le prurit évalué par le patient et la réduction des signes cliniques évalués par le médecin ainsi que les effets indésirables. Les auteurs de l'étude n'ont signalé qu'un seul effet secondaire (la folliculite avec le placebo) (RR 0,25). Les éléments probants de cette comparaison étaient de faible qualité.
→ Les auteurs concluent au peu de données probantes cohérentes sur l’efficacité des antihistaminiques H1 comme traitement d’appoint de l’eczéma comparativement au placebo. Cependant, la fexofénadine entraînerait une légère amélioration du prurit sans différence significative dans la quantité de traitements locaux appliqués.
1- Matterne U, Böhmer M, Weisshaar E, Jupiter A, Carter B, Apfelbacher CJ. Oral H1 antihistamines as ‘add-on’ therapy to topical treatment for eczema. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 1. Art. No.: CD012167. DOI: 10.1002/14651858.CD012167.pub2
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