Dans les recommandations "Prescription des antibiotiques en pratique bucco-dentaire" actualisées en juillet 2011 par l’Afssaps (1), l’antibiothérapie a été revue à la baisse tant sur le plan des indications que sur celui de la durée de prescription. Cette parcimonie est notamment justifiée par l'évolution préoccupante des résistances aux antibiotiques. Pour les experts, les pratiques doivent évoluer et indiquent ainsi clairement que " la facilité d’utilisation des antibiotiques et l’habitude de traiter des maladies supposées infectieuses, peut-être bactériennes, « par peur de... », « au cas où... », « pour prévenir... », « par sécurité... », « pour accélérer la guérison... » ou encore « pour le confort du patient... », ont conduit à une banalisation de l’usage des antibiotiques dans des circonstances cliniques qui, le plus souvent, ne les justifient pas.
-› Les recommandations précisent ainsi que le traitement étiologique d’un foyer infectieux bucco-dentaire est le plus souvent non médicamenteux. L’utilisation d’antibiotique ne peut ni pallier l’insuffisance d’hygiène orale, ni se substituer aux règles universelles d’hygiène et d’asepsie inhérentes à toutes pratiques de soins.
-› L’antibiothérapie prophylactique est instaurée pour limiter un risque d’endocardite infectieuse ou pour limiter un risque d’infection locale et son extension éventuelle.
- La prophylaxie systématique de l'endocardite infectieuse n'est désormais plus réservée qu'aux seuls patients à très haut risque (prothèse valvulaire, antécédent d’endocardite infectieuse, cardiopathie congénitale cyanogène) pour tout acte dentaire impliquant une manipulation de la gencive (ex : le détartrage) ou de la région périapicale de la dent et en cas d’effraction de la muqueuse orale (exceptée l’anesthésie locale ou locorégionale).
- Chez les patients immunodéprimés, une antibiothérapie prophylactique est recommandée.
- Chez les patients sous anti-TNF alpha et les enfants ayant un syndrome drépanocytaire majeur l'antibiothérapie prophylactique est recommandée lors d'actes invasifs.
- Lorsque les patients sont traités par bisphosphonates intraveineux et que l'acte de chirurgie buccale intéresse le tissu osseux, il est recommandé de prescrire une antibiothérapie dans l'heure qui précède l'intervention, quel que soit le niveau de risque infectieux, dans le but de diminuer les complications osseuses postopératoires.
- En population générale, l’antibioprophylaxie est recommandée quand le geste chirurgical concerne les tissus osseux. Par exemple, dans l’heure précédant l’avulsion des dents de sagesse mandibulaires incluses ou d’une chirurgie pré-orthodontique des dents incluses ou enclavées, … Il est dans ces cas démontré que l'antibiothérapie prophylactique réduit le risque d'alvéolite et de douleurs post-opératoires ainsi que les suites infectieuses.
- Exit l’antibioprophylaxie chez les patients porteurs d’une prothèse articulaire lorsqu’un geste bucco-dentaire est réalisé. Il reste cependant indispensable de vérifier l'état bucco-dentaire complet avant la pose d’une prothèse articulaire, afin d’éliminer les foyers infectieux locaux.
- Elle consiste en une prise unique dans l’heure qui précède l’acte : amoxicilline : 2 g chez l’adulte, 50 mg/kg chez l’enfant ; en cas d’allergie ou d’intolérance aux bêta-lactamines, clindamycine : 600 mg chez l’adulte, 20 mg.kg-1 chez l’enfant à partir de 6 ans.
-› L’antibiothérapie curative est subordonnée à la mise en évidence d’un foyer infectieux ou en présence d’une infection accompagnée de fièvre, trismus, adénopathie ou œdème persistant ou
progressif ; l’antibiothérapie curative sera toujours indiquée en complément du traitement local adéquat. Elle ne doit ni différer, ni se substituer au traitement étiologique non médicamenteux, en particulier chirurgical, du foyer infectieux.
-› L'antibiothérapie par voie locale n’a plus aucune indication en odontologie en raison du manque de preuve de son efficacité et du risque de sélection bactérienne.
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