On savait que s’abstenir de fumer dans les semaines précédant une intervention chirurgicale diminuait le risque de complications opératoires. En 2005, une conférence d’experts sur le tabagisme péri-opératoire (1) promue par l’Association Française de Chirurgie (AFC), la
Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) et l’Office Français de prévention du Tabagisme (OFT) préconisait l’arrêt du tabac dans les semaines précédant la chirurgie programmée : un arrêt du tabagisme 6-8 semaines avant l’intervention entraîne la disparition du risque de complications opératoires dues au tabac.
Cette conférence précisait que le risque d’être transféré en réanimation est au moins doublé, celui de complications infectieuses est multiple par 2 à 3,5, celui de complications coronariennes l’est par 3, et celui de complications respiratoires immédiates par 1,71. On sait aussi que le monoxyde de carbone et la nicotine entraînent une cicatrisation plus difficile et surtout, favorisent l’infection des plaies chirurgicales (12 % vs 2 %) et nuisent à la consolidation osseuse (RR de 2,7).
Un nouveau pas vient d’être franchi par une équipe de chercheurs suédois qui s’est penchée sur le problème et a décidé d’étudier l’effet d’un arrêt du tabac à partir du moment de l’opération et 6 semaines après celle-ci. Les résultats parus dans le Journal of Bone and Joint Surgery (2) sont sans appel : les patients abstinents pendant les 6 semaines qui suivent leur intervention présentent 2 fois moins de complications que ceux ayant continué de fumer.
Dans le détail, l’étude suédoise multicentrique, en simple aveugle, a porté sur 105 patients tabagiques souffrant d’une fracture d’un membre nécessitant une réduction chirurgicale en urgence. Les patients ont été randomisés en deux groupes. Le premier groupe de 50 patients s’est vu proposer un sevrage tabagique de 6 semaines ; l’intervention médicale était minimale. Le second groupe de 55 patients était le groupe contrôle. Dans les deux cas, les patients ont eu un suivi à la 2e/3e semaine, puis à la quatrième semaine, 6e et 12e semaines.
Ainsi, la proportion de patients souffrant d’au moins une complication postopératoire est plus importante dans le groupe contrôle (38 % vs 20 %). La survenue d’au moins une complication est aussi plus fréquente chez les fumeurs ; de même, le taux d’infection cutanée secondaire, la plus fréquente des complications enregistrées dans les deux groupes, est deux fois et demie plus élevé dans le groupe contrôle (sans pour autant, cette différence soit statistiquement significative).
Au final, même si seulement 40 % des patients sollicités ont accepté d’arrêter de fumer, près de la moitié des participants ont maintenu l’arrêt du tabac jusqu’à la 6ème semaine. Ce qui prouve qu’une prise en charge, même minimale, peut suffire pour une catégorie de patients non négligeable.
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