Des schémas de vaccination hétérologues peuvent être utilisés dans le cadre des campagnes de vaccination anti-Covid-19 à la fois pour la primo-vaccination et pour le rappel. C’est ce qu’a confirmé l’Agence européenne du médicament (EMA), avec toutefois quelques réserves en ce qui concerne les schémas hétérologues à ARNm.
L'EMA entérine le schéma vaccinal hétérologue à vecteur viral-ARNm
Certes, dans un communiqué diffusé hier, l’agence se montre très favorable aux schémas initiés par un vaccin à vecteur viral (AstraZeneca ou Janssen pour la première dose ou toute la primovaccination) et poursuivis par un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna pour la seconde dose ou le rappel). « Les preuves provenant d'études sur la vaccination hétérologue suggèrent que la combinaison de vaccins à vecteur viral et de vaccins à ARNm produit de bons niveaux d'anticorps contre le virus du Covid-19 (SARS-CoV-2) et une réponse des lymphocytes T plus élevée que l'utilisation du même vaccin (vaccination homologue), que ce soit dans un schéma primaire ou de rappel », rapporte le régulateur, entérinant ainsi les pratiques françaises.
En effet, dans l'Hexagone, arguant qu’une primovaccination initiée par Vaxzevria (AstraZeneca) et poursuivie par un vaccin à ARNm apparaissait plus efficace qu’une vaccination entièrement fondée sur un vaccin à vecteur viral, la Haute Autorité de santé (HAS) avait appelé dès cet été à « privilégier ce schéma [hétérologue] ». De plus, le rappel n’étant autorisé qu’avec des vaccins à ARNm, les schémas de rappel hétérologues sont de fait la règle pour les personnes primovaccinées par AstraZeneca ou Janssen.
Manque de données pour le switch entre vaccins à ARNm
Cependant, concernant le "mix and match" de Comirnaty (Pfizer) et de Spikevax (Moderna), l’EMA se montre plus prudente. De fait, elle n’invite à mélanger les vaccins à ARNm que face à des difficultés, « lorsqu’une augmentation de la flexibilité [en cas de problèmes d'acceptation, d'approvisionnement ou de disponibilité des vaccins] est nécessaire ». Et ce, faute de données d’efficacité et de sécurité. « Il existe moins de preuves sur les schémas de vaccination à ARNm hétérologues [et] les données de sécurité […] sont actuellement à l’étude pour déterminer s’il existe un risque accru de myocardite », pointe le régulateur.
En France, les schémas hétérologues à ARNm pourraient néanmoins être favorisés par une récente révision de la stratégie d’approvisionnement en vaccins. Pour rappel, comme l’annonçait le ministère le 3 décembre, 800 000 (27 %) des 3,2 millions doses de Comirnaty commandées pour la ville seront remplacées par des doses du vaccin Moderna. En outre, la HAS avait déjà encouragé le mois dernier à préférer Comirnaty chez les moins de 30 ans - même chez ceux ayant déjà reçu une ou deux doses de Spikevax.
Un rappel dès 3 mois, si besoin
À noter que parmi les autres « stratégies alternatives » évoquées par l'EMA pour accélérer la vaccination en Europe compte également le raccourcissement du délai de rappel. « Les données actuellement disponibles soutiennent l'administration sûre et efficace d'une dose de rappel dès 3 mois après la fin de la primovaccination, si un intervalle aussi court est souhaitable du point de vue de la santé publique, nonobstant les recommandations actuelles d'administrer un rappel de préférence après 6 mois », résume le régulateur. En France, ce délai minimum reste pour le moment fixé à 5 mois.
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