C’est lors des premières assises de l’urgence, organisées jeudi à Paris par le syndicat SAMU-Urgences de France, que le Dr Marc Giroud, devant un parterre de médecins très attentif, a étrillé avec soin les propositions avancées ces derniers mois pour assurer à tous l’accès « à moins de trente minutes » à une structure d’urgence. Si le président de SAMU-Urgences de France dit « bien entrer dans la logique » de cet engagement « sage et courageux » pris par le président de la République François Hollande, il dénonce aussi les « fausses bonnes idées » qui « reviennent comme un leitmotiv » sur le sujet et qui ont amené les urgentistes à réagir.
Selon le Dr Giroud, trois types de personnes avancent régulièrement « des certitudes et des mesures qu’ils croient bonnes » :
• Les jusqu’au-boutistes
« Ceux-là veulent couvrir le territoire d’une structure d’urgence de proximité tous les 20 kilomètres, même jusqu’au fin fond de l’Auvergne ». Problème : le coût élevé d’une telle mesure et la difficulté à trouver les fonds nécessaires à sa réalisation en cette période de vaches maigres. Une proposition un brin utopique, donc.
• Les pragmatiques
« Eux veulent des soins d’urgence sur trois niveaux. Pour les gens des villes, des soins médicaux d’urgence spécialisés ; pour les patients hors de portée de ces soins, d’autres soins non spécialisés ; pour les patients les plus éloignés enfin, des soins infirmiers ». Le Dr Giroud n’est pas tendre pour les adeptes de cette proposition. « Ces soins gradués sont en fait des soins dégradés », explique-t-il. En proposant que les campagnes reculées aient seulement accès à des infirmières, « on sort du champ de l’éthique et on tombe même sous le coup de la loi », juge le médecin. Et de rappeler la loi Kouchner (du 4 mars 2002), relative aux droits des malades qui interdit toute discrimination en matière de santé.
• Les modernistes
« Avec le téléphone et la télémédecine, les modernistes proposent un accès aux soins d’urgence non pas en 30, mais en 1 minute », raille le Dr Giroud. Pour lui, la régulation médicale n’est pas la réponse unique au problème de l’accès aux soins d’urgence, mais « un bon complément ». Considérer « une prise en charge par un urgentiste au téléphone comme suffisante » relève de « l’imposture », conclut-il.
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