Le risque d’accidents d’exposition au sang (AES) par piqûre existe bel et bien dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD). C’est ce que révèle une étude à laquelle ont participé 801 infirmières salariées de 163 EHPAD de la région Rhône-Alpes. L’étude « Risque d’AES par piqûre : quelle réalité en EHPAD ? » a été menée du 22/09/2014 au 21/11/2014 par l’ARLIN Rhône-Alpes (Lyon) en partenariat avec BD Medical-Diabetes Care. Comprenant deux questionnaires en ligne (un pour chaque EHPAD et un pour chaque infirmier), l’étude a sollicité 679 EHPAD de Rhône-Alpes.
Injections sous-cutanées
Parmi celles qui ont accepté de répondre (71 %), 183 infirmières (près de 23 %) affirment avoir été victimes d’un AES au cours de leur activité en EHPAD dont 63, au cours des 12 derniers mois. Des données non négligeables, notamment lorsque l’on sait que les AES peuvent être responsables de la transmission de maladies infectieuses (hépatite B, hépatite C, VIH...) chez le personnel soignant.
Les AES par piqûre surviennent surtout au cours des injections sous-cutanées : 86 cas, soit 47,5 % dont 60 % lors de l’utilisation d’un stylo injecteur. Ils se produisent aussi lors des prélèvements sanguins (59 cas, soit 32,6 % dont 55,9 % de prélèvements capillaires) ou des poses de voie sous-cutanée (18 cas d’AES, soit 10 %). Enfin, un tiers de ces accidents surviennent lors du retrait du matériel. « Dans 15 % des cas, il s’agit de matériel sécurisé. Deux fois sur trois, l’infirmière victime de ces AES ne porte pas de gants alors qu’elle réalise un prélèvement sanguin ou une injection », précise le Dr Pascal Fascia, praticien hygiéniste, coordonnateur de l’antenne régionale de lutte contre les infections nosocomiales (ARLIN) de Rhône-Alpes.
Prévention et prise en charge
Interrogées sur les actions mises en œuvre immédiatement après la survenue d’un AES, les infirmières d’EHPAD ont notamment indiqué arrêter le geste (dans 40 % des cas), laver la plaie et réaliser une antisepsie (dans près de 90 % des cas). « Seul un tiers des infirmières ont donné les trois bonnes actions à mettre en place immédiatement après un AES : arrêter le geste, laver la plaie et réaliser une antisepsie. Par ailleurs, il y a encore un tiers des infirmières qui font saigner la plaie », déplore le Dr Fascia. Autre constat : près d’un tiers des infirmières d’EHPAD n’obtiennent pas d’avis spécialisé dans les suites de l’AES.
Outre la survenue des AES, cette étude comporte également un volet prévention et un autre dédié aux procédures de prise en charge de ce type d’accidents dans les EHPAD de la région Rhône-Alpes. Les résultats de ces trois volets mettent en exergue le manque de formation et d’information des professionnels de santé d’EHPAD face aux risques d’AES. « En matière de prise en charge des AES et, notamment, de détermination du statut sérologique du patient source (la nuit, le week-end et les jours fériés), il existe encore trop de disparités en fonction du statut de l’EHPAD (adossé ou non à un centre hospitalier). Nous espérons que notre étude permettra d’inciter les professionnels des EHPAD à mettre en place, à court terme, des actions de prévention et de prise en charge adéquates des AES (formations, recours aux équipes mobiles d’hygiène, aux dispositifs médicaux sécurisés...) », conclut le Dr Fascia.
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