Chaude ambiance, dimanche 7 juillet, à Alger. Le colloque national des gestionnaires des établissements de santé s’est ouvert par un discours pour le moins pimenté, prononcé par le ministre de la Santé. Lequel n’apprécie guère le laisser-aller dans les hôpitaux algériens.
Le Pr Abdelaziz Ziari, 67 ans, sait de quoi il parle. Nommé ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière en septembre 2012, cet ancien militant du FLN est médecin. « Le problème de la santé en Algérie est un problème de gestion et de gouvernance, il n’est lié ni à l’argent ni au personnel, et c’est une situation à laquelle il faut désormais faire face », a notamment lancé le ministre devant un parterre de directeurs d’établissement.
Urgences anarchiques, embauches inconsidérées
Le quotidien algérien « L’Expression » rapporte de longs extraits du discours ministériel. Le ton est vif. « Mal organisés », « mal gérés », les services d’urgences « fonctionnent de manière anarchique », dénonce le Pr Ziari. Il cite le cas de patients qui, ne trouvant pas de médecins, n’ont d’autre choix que de s’en remettre aux infirmiers.
La gestion des ressources humaines ? Anarchique elle aussi par endroits, à l’image de cet hôpital qui dispose de... 45 agents de sécurité. « C’est un hôpital ou une prison ?, s’est enquis le ministre, manifestement très agacé. On recrute à tort et à travers dans le secteur. Il faut mettre fin à cette pratique. Nous ne sommes pas là pour régler le problème du chômage dans le pays, mais soigner les citoyens de la meilleure des manières. »
Le Pr Ziari veut supprimer les embauches de complaisance, redonner « le statut qu’ils méritent » aux paramédicaux, mettre de l’ordre dans l’achat – qualifié d’anarchique, là encore – des équipements médicaux, améliorer l’hygiène...
Les hôpitaux nicaraguayens cités en exemple
« J’ai visité l’un des pays les plus pauvres au monde, le Nicaragua. Eh bien, ses hôpitaux étaient simples sans grands moyens, mais plus propres que les nôtres », a lancé le ministre à l’adresse des gestionnaires hospitaliers. Avant de les encourager à dénoncer l’absentéisme. Le journal « El Moudjahid » rapporte cette autre citation : « Le ministère vous protège et pour ce faire, on va vous élaborer un règlement intérieur type et vous l’envoyer. Il faut mettre fin à la négligence qui touche le secteur. »
Cette mise au point intervient sur fond de fortes tensions entre les professionnels de santé et le gouvernement algérien. Médecins, infirmiers, internes... manifestent régulièrement depuis quatre ans, pour dénoncer leurs conditions de travail et la faiblesse de leurs revenus.
Le plan d’action adopté en 2009 n’a nullement permis d’améliorer la situation. Aux yeux de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED), le poids des lobbies est tel en Algérie qu’il conduit à l’éclatement complet du système de santé.
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