Gourmands en énergie, peu rigoureux sur la gestion des déchets et à la traîne sur la question du gaspillage, les hôpitaux vont devoir redoubler d'efforts afin de verdir leurs pratiques environnementales, conformément aux objectifs fixés en conclusion du Ségur de la santé.
En présentant mardi 21 juillet les 33 propositions qu'il a retenues du rapport Notat, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a assuré que l'hôpital allait prendre « le virage du développement durable ».
La problématique environnementale est longtemps restée hors du radar des décideurs. Plusieurs associations regrettaient depuis 2015 le manque d'investissement du gouvernement dans ce domaine. Et les établissements intéressés pour opérer des travaux se heurtent au coût financier.
Au cours des discussions du Ségur, plusieurs participants ont insisté sur le retard accumulé par les cliniques et hôpitaux, dénonçant un décalage entre les actes et les discours. Les jeunes soignants notamment sont les premiers à militer en faveur de pratiques plus vertueuses sur le plan environnemental.
Des appareils qui tournent 24 heures/24
La consommation énergétique est jugée excessive. Selon l'Agence de la transition écologique (ADEME), les établissements sanitaires et médico-sociaux concentrent aujourd'hui 11 % de la demande d'énergie du secteur tertiaire.
Ce chiffre s'explique bien sûr par les besoins inhérents de l'hôpital, qui fonctionne 24 heures sur 24 et abrite de nombreux appareils énergivores. Toutefois, l'agence estime que la consommation liée au chauffage et à la climatisation pourrait être largement améliorée.
Depuis la loi Grenelle de 2010, les établissements se doivent de réaliser un bilan énergétique mais « seuls 32 % » ont sauté le pas et « ça n'a mené à aucune action concrète d'envergure », estime Lamia Kerdjana, vice-présidente du syndicat Jeunes médecins.
Pourtant, le potentiel d'économies est énorme. Une étude publiée en 2017 par le Comité pour le développement durable en santé (C2DS) l'a estimé à 54 millions d'euros par an dans les hôpitaux privés et plus de 100 millions dans le secteur public.
Mettre fin au plastique et favoriser le circuit court
Autre défi : les déchets. Selon le ministère, les établissements de santé en produisent environ 700 000 tonnes par an (3,5 % de la production nationale), soit plus d'une tonne par lit, pour un coût de traitement allant de 2 à 5 euros par jour et par patient.
« On est passé au tout à usage unique pour éviter d'avoir à embaucher des gens pour laver les tenues des soignants. Du coup, on est complètement tributaires de l'Inde et de la Chine, et on se retrouve à jeter des quantités énormes de plastique », déplore Lamia Kerdjana.
L'absence de recyclage systématique est aussi épinglée, d'autant que l'hôpital produit des déchets dangereux. « Ces dernières années, des initiatives ont vu le jour, mais les choses bougent lentement », juge Bernard Jourdain, chargé du développement durable au centre hospitalier de Niort.
Avec une cinquantaine de médecins et infirmiers hospitaliers, cet ancien élu Europe Écologie-Les Verts (EELV) a publié début juillet un manifeste appelant à « agir collectivement » afin de « transformer notre système de santé », notamment via la promotion des circuits courts.
« Les achats écoresponsables, le bio et local dans les nombreuses assiettes des patients et des salariés, l'écologie à tous les étages, c'est finalement au bon vouloir d'un décisionnaire plus ou moins branché écologie. Et ça, ce n'est plus possible », insistait ce manifeste.
Les coûts de gestion des déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI) devront ainsi être réduits, et des projets pilotes seront menés pour mettre fin au plastique à usage unique et réduire le gâchis alimentaire dans la restauration collective.
Le ministre de la Santé a aussi promis des investissements importants pour rénover les infrastructures, véritables passoires énergétiques.
(Avec AFP)
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