Le troisième CHU de France, à Lyon, n’a pas digéré les derniers arbitrages rendus par l’Agence régionale de santé (ARS) Rhône-Alpes. La tutelle régionale a décidé de diminuer les dotations des Hospices civils de Lyon de 31 millions d’euros pour le début de l’année 2012. « Soit plus de 2 % du chiffre d’affaires de l’établissement! », s’étranglent les responsables des HCL, qui, dans un courrier commun, demandent à Marisol Touraine d’intervenir personnellement sur le dossier.
La lettre adressée à la ministre de la Santé est signée par Gérard Collomb, le sénateur-maire (PS) de Lyon, le Pr Olivier Claris, président de la CME, et Daniel Moinard, le DG du CHU. Tous les trois soulignent les efforts réalisés par les HCL ces dernières années pour se remettre à flot. La résorption du déficit, écrivent-ils, a pu être opérée « au prix de 800 suppressions de postes en trois ans, et de la fermeture de 5 des 19 sites hospitaliers exploités par les HCL ». La baisse des dotations, outre le fait qu’elle met en péril « la stratégie de redressement engagée en 2009 », suscite une incompréhension « totale », et c’est « le découragement et la lassitude » qui menacent à présent la communauté hospitalière.
Gérard Collomb, le Pr Claris et Daniel Moinard déplorent que la notification « n’ait fait l’objet d’aucune concertation ». Ils s’insurgent en particulier contre la baisse de 57 % des aides à la contractualisation accordées aux HCL, qui s’ajoutent à la baisse de 32 % déjà enregistrée en 2011, « sans proportion aucune avec la baisse moyenne observée dans les autres CHU ». Les responsables du CHU demandent à Marisol Touraine de prendre le contre-pied de son prédécesseur, Xavier Bertrand, afin d’apporter un soutien financier sans condition au projet de modernisation de l’hôpital Édouard Herriot. Ils concluent leur missive en expliquant n’être pas en mesure de présenter un budget prévisionnel pour l’exercice 2012 (EPRD).
Dans son discours prononcé à Hôpital expo, le 22 mai, Marisol Touraine n’a pas directement évoqué les aides à la contractualisation issues de l’enveloppe MIGAC. La nouvelle ministre, qui ne s’est pas encore prononcée sur le sujet ultrasensible de l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance-maladie), s’est toutefois engagée à « mieux reconnaître les missions d’intérêt général ». « Un hôpital en déficit, c’est un hôpital qui n’investit plus dans son avenir et qui se condamne à perdre ses professionnels », a-t-elle ajouté.
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