Cinq mois après la suspension des négociations sur l’attractivité des carrières médicales à l'hôpital public, et plus de quatre mois après la grève des PH, Aurélien Rousseau a enfin rencontré, lundi 16 octobre, les syndicats représentatifs de la profession (APH, INPH, SNAM-HP, CMH, Jeunes Médecins, etc.).
L'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) est resté « sur sa faim ». Il devient « urgent » à ses yeux de passer du constat à l'action, de mettre en place « un échéancier court, avec un financement dédié et une mise en œuvre rapide des mesures d'amélioration » – qu’il s’agisse des carrières ou des conditions d'exercice. L'INPH rappelle les chantiers prioritaires : la « revalorisation et contraction » des grilles salariales des PH et HU, les retraites des hospitalo-universitaires, une « juste rémunération » de la permanence des soins (PDS), l’instauration de la 5e plage horaire, la prise en compte de la pénibilité et le respect du temps de travail. Des mesures « dont on a bien besoin, dans le contexte de fragilité actuelle », estime sa présidente, la Dr Rachel Bocher.
Après la revalo des sujétions, transformer l'essai
Contacté par Le Quotidien, le Dr Yves Rébufat, délégué général de l’intersyndicale Action praticiens hôpital (APH) et anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes, explique que deux thématiques principales ont été abordées : la permanence des soins et le rattrapage des quatre années d’ancienneté perdues, pour les PH nommés avant octobre 2020.
Sur le premier point, le ministre a confirmé la pérennisation de la revalorisation des gardes (+50 %), mesure annoncée fin août par Élisabeth Borne (de même que la revalorisation des sujétions des paramédicaux). Un point positif pour les syndicats qui auraient toutefois préféré un doublement du tarif des gardes à une hausse de 50 %.
Reste à régler le problème des astreintes – le ministère ayant promis un alignement par le haut avec le privé. « Une partie de l’activité urgente et très spécifique se fait par l’astreinte : la prise en charge des infarctus, la cardiologie interventionnelle, la prise en charge des AVC avec la neuroradiologie interventionnelle et l’anesthésie qui va avec, les greffes d’organes, les prélèvements multi-organes, une grande partie de la chirurgie, etc. », énumère le Dr Rébufat. Raison pour laquelle APH exige que l’astreinte soit « revalorisée de la même manière que les gardes, c’est-à-dire au minimum 50 % », poursuit le délégué général d’APH. Les praticiens les gens en ont assez « de faire des gardes et des astreintes pour des clopinettes », résume-t-il.
La Dr Marie-José Cortès, psychiatre, vice-présidente d’APH, considère elle aussi que les tarifs des astreintes sont « hors-sol ». Une astreinte téléphonique de 24h peut, selon elle, être rémunérée « 38 euros » dans certains hôpitaux…
Problème juridique… et financier
Le ministre est aussi revenu sur le rattrapage des quatre ans d’ancienneté, reconnaissant qu’une « certaine injustice avait été créée », de source syndicale. En avril dernier, la DGOS avait mis trois hypothèses sur la table, sans pour autant tenir compte de la perte des quatre ans d'ancienneté. Celle-ci expliquait qu’un « problème réglementaire empêchait de corriger l’anomalie, car on aurait créé des inversions de carrière au sein du corps des PH et favorisé certaines personnes au sein de la grille », précise le Dr Rébufat.
APH a proposé au ministre de refondre l’ensemble des grilles pour en conserver trois : début de carrière, hors classe et classe exceptionnelle. « Ce système de grilles existe déjà pour les directions hospitalières, il permettrait de remettre les compteurs à zéro, de reclasser les gens correctement, en fonction de leur véritable ancienneté », plaide le Dr Rébufat.
Mais le coût d'un rattrapage pose toujours problème. Lors de sa rencontre avec les syndicats, Aurélien Rousseau l’aurait estimé à plus 2,5 milliards d’euros, un chiffre très élevé qui a surpris les syndicats. Aurélien Rousseau s’est du moins engagé sur une reprise rapide des discussions.
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