Est-ce enfin la relance des chantiers hospitaliers laissés en jachère ? La première rencontre avec le ministre de la Santé Yannick Neuder, ce jeudi, était en tout cas très attendue par les représentants des syndicats de praticiens hospitaliers, qui dénoncent depuis des mois le blocage de nombreux dossiers.
Interrogés par Le Quotidien, tous ont salué un accueil « sympathique, chaleureux », un échange « cordial » voire « ouvert et constructif » de la part du ministre, également cardiologue hospitalier, « ce qui facilite les échanges », a relevé un des participants.
Repérage
À défaut de promesses, certains leaders syndicaux ont du moins salué la méthode et le rythme. « C’était un rendez-vous de repérage. Il s’est montré très attentif, vif, fait circuler la parole rapidement et s’intéresse à un grand nombre de problématiques », salue la Dr Marie-Josée Cortes, présidente du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH). Même enthousiasme chez la psychiatre nantaise Rachel Bocher, présidente de l’INPH. « Yannick Neuder est un ministre à l’écoute qui a absolument besoin des remontées du terrain pour être opérationnel. Il veut proposer des mesures concrètes dans un temps court et laisser une empreinte au ministère de la Santé. C’était donc un échange stimulant. » Le Dr Jean-François Cibien, président d’APH, a vécu de son côté « une discussion à bâtons rompus sympathique et une réponse du tac au tac sur tous les sujets ».
D’autres représentants sont plus mitigés, au regard des enjeux hospitaliers. « C’était davantage une prise de contact et une réflexion engagée… », tempère le Pr Sadek Beloucif, président du Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (Snam-HP). « C’était quand même assez décousu et ça partait un peu dans tous les sens, mais l’ambiance était bonne », analyse le Dr Yves Rébufat, anesthésiste au CHU de Nantes et délégué général d’APH.
Aller vite ?
Tous les représentants des PH ont souligné à quel point l’instabilité ministérielle avait été préjudiciable pour l’avancée des dossiers hospitaliers depuis deux ans – de l’attractivité des carrières à la pénibilité en passant par le temps de travail, la rénovation du statut du médecin des hôpitaux, les retraites ou la simplification. Conscient qu’il est sur un « siège éjectable » le ministre a exprimé aux syndicats de PH sa volonté d’« aller vite » et donc de les revoir rapidement, à défaut d’engagements immédiats.
C’est le premier ministre de la Santé qui s’intéresse officiellement à la santé mentale des hospitaliers
Dr Marie-Josée Cortes (SPH)
À ce stade, plusieurs sujets principaux ont été évoqués : la mesure du temps de travail des PH, l’attractivité des carrières et la permanence des soins en établissement. Sur ce dernier point, « pas un hôpital ne paie les anesthésistes de la même façon », se désole le Dr Yves Rébufat.
Les parties ont balayé dans ce contexte les mesures d’attractivité sur la table dont la revalorisation des astreintes, pourtant promise par François Braun et Aurélien Rousseau. Autre point dur : le rattrapage des « quatre années d’ancienneté » pour les gros contingents de praticiens nommés avant le 1er octobre 2020 (à la suite du Ségur qui avait revalorisé surtout le début et la fin de carrière).
Plusieurs syndicats ont réclamé un « plan de prolongation d’activité », incitatif, qui pourrait être discuté et mis en place assez rapidement afin d’encourager les praticiens qui souhaitent rester à l’hôpital dans des conditions plus favorables. L’accent a été aussi mis sur la nécessaire réévaluation des retraites des praticiens, que ce soit pour les PH et hospitalo-universitaires.
Poussière
Les représentants réclament aussi la création d’un groupe ad hoc pour valoriser la pénibilité. Parmi les sujets de fond, la Dr Marie-Josée Cortes a salué le fait que Yannick Neuder est « le premier ministre de la Santé qui s’intéresse officiellement à la santé mentale des professionnels de santé », un dossier jusque-là en jachère.
La question du financement de l’hôpital a par ailleurs été esquissée. « Nous nous sommes retrouvés sur l’importance de sortir du “tout-T2A” afin de financer de manière intelligente la qualité d’un parcours de soins », a commenté la délégation d’Alliance-Hôpital (qui réunit Snam-HP et CMH), à l’issue de son entretien.
Le Dr Jean-François Cibien (APH) confie que le ministre lui a indiqué avoir « récupéré des dossiers sur lesquels il y avait un peu de poussière ». « Sur certains, a répliqué le syndicaliste, il y a même des toiles d’araignée ».
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