Le projet de construction d’un futur bâtiment de psychiatrie, le nouvel hôpital psychiatrique (NHP), fait grincer les dents des soignants de psychiatrie du CHU de Tours. Selon le collectif « Tours Psy », l’ARS Centre-Val de Loire aurait fait « le choix du pire » en prévoyant la « suppression d'une partie importante des lits d'hospitalisations complètes adultes (84 sur 204 actuellement) » de l’établissement, « sans contrepartie ni augmentation des moyens de l’extra-hospitalier ». Soutenus par les syndicats Sud, CGT, FO et CFDT, une trentaine de professionnels du CHU ont manifesté contre ce projet le 8 avril dernier, date du conseil de surveillance de l’établissement.
Ce fut l'occasion de remettre en mains propres à la directrice générale une pétition (plus de 1 000 signatures) pour exprimer leur opposition au regroupement architectural dont le coût est estimé à 41,9 millions d’euros. Celle-ci précise que la direction avait dans un premier temps annoncé la suppression de 24 lits. Or, l’ARS aurait fait savoir que le projet coûterait trop cher à construire. « Pour deux millions d'euros, ce sont des dizaines de lits qui doivent disparaître ! », enragent les auteurs de la pétition. Selon eux, il ne restera que 120 lits de psychiatrie générale adulte dans le futur NHP.
Des locaux trop vétustes pour la direction
Le collectif de soignants et les syndicats exigent donc le retrait du « projet à 120 lits » et l’ouverture de négociations. Autre demande : la prise en compte du point de vue des soignants et des patients dans l’élaboration du projet. Selon les organisations, la direction s’oppose non seulement toute concertation, mais refuse aussi de communiquer les documents officiels et les détails du projet validé.
Contactée par « Le Quotidien », celle-ci justifie la construction du NHP par le fait que les structures accueillant les activités d’hospitalisation pour patients adultes soient « d’une grande vétusté ». Réparties sur trois sites (Tours, Chambray-lès-Tours et Saint-Cyr-sur-Loire), elles avaient pourtant bénéficié de « travaux importants » (d’un million d’euros) ces dernières années.
Manque de structures d'aval
D’autre part, sur 186 lits ouverts au total, environ 40 patients seraient maintenus en hospitalisation depuis plusieurs mois, « faute de structures médico-sociales d’aval pour les accueillir même s’ils ne relèvent pas d’une prise en charge en court séjour au CHU », poursuit la direction. C’est donc en tenant compte du contexte que le regroupement des trois structures actuelles dans un bâtiment neuf aurait été décidé. Et d’ajouter que cette opération, qui « correspond au projet médical élaboré par le pôle de psychiatrie », s’intègre « dans le projet plus global de restructuration du CHU ».
Autre argument : le programme technique détaillé (PTD) du bâtiment, « auquel un grand nombre de personnels des services de psychiatrie a été associé », a été validé par l’ARS. « Un refus de validation du PTD par l’ARS aurait entraîné un retard très conséquent dans le planning du projet, problématique pour les conditions d’accueil des patients à terme », se défend la direction.
Un point de vue que ne partagent pas les auteurs de la pétition. Selon eux, « supprimer des lits sans s'assurer qu'ils ne sont pas nécessaires, fermer les portes et renvoyer à la rue ou vers le privé les personnes en souffrance psychique ayant besoin d'une aide adaptée à leur situation, met en danger la personne et la société ».
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